Le Directeur de la Police Judiciaire de Paris dans une mauvaise histoire

Le "Monde.fr" révèle une drôle d'histoire qui secoue le 36 Quai des Orfèvres, sur fond de luttes de palais et de guerre des polices pour une succession à la Direction Centrale de la Police Judiciaire.

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Selon Le Monde.fr, "un scandale ébranle la police judiciaire parisienne". C'est une de ces "histoires feutrées" dignes des cours italiennes ou vaticane d'autrefois, qui surgissent parfois dans le monde policier ou judiciaire.

Tout commence, en novembre, par un coup de téléphone. Christian Flaesch, Directeur de la police judiciaire de Paris prévient Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur (gouvernement Sarkozy/Fillon) qu'il va être convoqué et interrogé par la Police judiciaire, dans l'une des enquêtes en cours sur le financement de la campagne électorale présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Jusque que là, rien de choquant. Brice Hortefeux est une personnalité, et un tel coup de fil du Directeur de la PJ en personne, à fortiori dans le cas d'un ancien ministre de l'intérieur, est  classique et habituel, et ne constitue pas une faute.

Mais il se trouve que M. Brice Hortefeux était placé sur écoute dans une autre des enquêtes sur le financement de la même campagne électorale de Nicolas Sarkozy (Deux enquêtes distinctes sont en cours sur deux aspects différents). La conversation de M.Christian Flaesch avec M. Hortefeux a donc été enregistrée. La, ou plutôt les conversations, car, selon Le Monde.fr, il y en a eu trois.
Or c'est la teneur de ces conversations qui pose problème. Car il y est aussi question du contenu de l'autre enquête, et de la façon dont des propos éventuels tenus dans la première enquête pourraient télescoper des éléments de la seconde enquête. Apparaît dans ces conversations téléphoniques une proximité entre les deux hommes.

La Direction Centrale de la Police Judiciaire transmet alors rapidement ces enregistrements au magistrat qui instruit l'autre enquête, celle à l'origine de la mise sur écoute de M.Hortefeux, le juge Tournaire. Le juge, furieux, qui a le sentiment d'être trahi, transmet le dossier au Parquet de Paris. Lequel, après examen minutieux des conversations enregistrées ne relève aucune faute pénale, mais transmet hiérarchiquement au Procureur général de Paris dont dépend M.Christian Flaesch, qui le convoque pour un rappel à la prudence.

Mais au delà de cette mise en garde, l'affaire suscite un autre embarras dans les étages du Ministère de l'Intérieur. Car Christian Flaesch n'est pas n'importe qui. D'abord c'est un "grand flic", professionnel réputé. Ensuite, son poste de Directeur de la police judiciaire parisienne est un poste extrêmement important. Toutes les grandes enquêtes passent par la direction de la PJ parisienne, et son directeur est, de fait, un des policiers les puissants de France et les mieux informés. Christian Flaesch, nommé là en 2007, y a un très bon bilan. Il est estimé et admiré. Au point qu'à son arrivée, le Ministre de l'Intérieur actuel, Manuel Valls a choisi de le laisser en fonction. 

Fort de ces éléments, Christian Flaesch pouvait espérer être nommé à la tête de la Direction Centrale de la police Judiciaire (DCPJ), dont le titulaire actuel est sur le départ imminent. La succession devrait se régler cette semaine. Or la succession à ce poste très convoité suscite toujours d'âpres luttes de pouvoir internes. Et l'on sait que plusieurs policiers très gradés espèrent décrocher le poste.
Dès lors, on peut voir, dans la vitesse à laquelle cette affaire d'écoutes téléphoniques, dans lesquelles aucune faute pénale n'a été décelée, a néanmoins été transmise à la justice, un épisode d'une guerre sourde au sein de la police. 

Cette histoire, à l'évidence, risque d'avoir des conséquences sur les mouvements internes imminents au sein de la police judiciaire.

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