Durant la conférence LeWeb, qui a lieu en ce moment à Paris, on parle beaucoup de Bitcoin, cette monnaie virtuelle apparue en 2009. Nous avons interrogé Garrick Hileman, économiste de la London School of Economic. Le Bitcoin est il dangereux ? Va-t-il remplacer nos Euros ? Eléments de réponse...
C’est probablement l’anecdote la plus connue sur Bitcoin. Nous sommes en Norvège, en 2009. Kristoffer, un étudiant, entend parler de cette monnaie électronique. Il en achète pour une poignée d’euros. Les années passent, et la monnaie virtuelle prend de l’ampleur : elle a ses places de marché, et des boutiques permettent d’acheter des produits bel et bien réels. Le jeune norvégien se connecte à nouveau sur son compte, délaissé pendant 4 ans. Surprise : ses Bitcoins ont mûri, et il possède désormais une somme mirobolante (l’équivalent de plus 700 000 euros en Bitcoin). Somme qu’il s’empresse de convertir en couronnes norvégiennes pour s’acheter un appartement de trois pièces dans le centre d'Oslo.
Si l’histoire s’apparente à un conte de fées, Bitcoin a fait une percée bien réelle dans notre monde. Et nombreuses sont aujourd'hui les entreprises à accepter les paiements avec cette monnaie. Mais Bitcoin a-t-il un impact sur notre vie quotidienne?
«Bitcoin présente de nombreux avantages pour le citoyen lambda»
Pour Garrick Hileman, économiste de la London School of Economic, Bitcoin n’est pas que l’affaire d’heureux norvégiens ou de geeks. Au contraire, il présente de nombreux avantages pour le citoyen lambda : “Le système financier actuel est très cher. Visa et Mastercard facturent trois euros sur chaque transaction. Trois euros, cela peut paraître une petite somme, mais c’est beaucoup notamment pour les petits commerces comme les épiceries ou les personnes qui travaillent dans l’agriculture”. Pour résumer, si vous avez un commerce dont la marge de profit est réduite, Bitcoin est intéressant.
Le deuxième atout de cette monnaie, c’est le réseau dont elle dispose. Il s’agit d’une monnaie décentralisée, qui n’existe que dans des réseaux d’ordinateurs dans le monde entier. “On peut donc faire des transferts d’argent à l’international très facilement. Avec une monnaie traditionnelle, envoyer de l’argent en Afrique peut prendre plusieurs jours, et nécessitera de passer par deux, voire trois banques. Avec Bitcoin, la transaction se fait en un battement de cils. C’est plus rapide, vous n’avez pas de monnaies étrangères, et vous n’avez pas de frais de change ni de frais de transfert bancaire”, explique M Hileman.
Le Bitcoin, monnaie du futur, bulle spéculative, ou argent sale ?
Le Bitcoin affole autant qu’il fascine. Et c’est normal : cette séduisante monnaie a ses fragilités. “Les autorités se sont toujours souciées du blanchiment d’argent, de l’achat de biens illégaux et d’évasion fiscale. Or Bitcoin permet ces trois choses”, précise Garrick Hileman. La récente fermeture de Silk Road, l'e-Bay de la drogue, par la justice américaine, est à cet égard symbolique. “Sur ce site, on pouvait acheter des biens avec des Bitcoin, dont des drogues, des armes, vous pouviez même engager un assassin !”, rappelle M Hileman.
“Les gouvernements sont aussi inquiets au sujet de l’évasion fiscale : il est bien plus difficile de tracer un flux de Bitcoins que d’euros”, précise l’économiste.