Un ressortissant égyptien a été condamné à 18 mois de prison par le tribunal correctionnel de Bobigny pour avoir mis le feu accidentellement à un squat de Pantin (Seine-Saint-Denis) en 2011. Six migrants avaient trouvé la mort dans l’incendie.
Fin novembre, le procureur de la République avait requis 24 mois d'emprisonnement pour homicides involontaires à l'encontre d'Alla Salah Mohamed Abdelhalim, 37 ans, absent au procès et au délibéré en dépit d'un placement sous contrôle judiciaire.
La justice a également demandé de lancer un mandat d'arrêt pour le retrouver. "La décision est satisfaisante mais n'a pas de valeur pour les victimes car le coupable n'est pas arrêté", a déclaré l'avocate des parties civiles Samia Maktouf.
En outre, il avait fui les lieux avant l'arrivée des pompiers et avait été finalement retrouvé par la police en Belgique en novembre 2011.
Chose rare dans ce type de procès, une dizaine de rescapés, majoritairement sans papiers, s'étaient constitués partie civile et avaient relaté à la barre les circonstances du drame. Certains avaient sauté par la fenêtre pour échapper aux flammes.
Rappel des faits
Au matin du 28 septembre 2011, un violent incendie s'était propagé dans un immeuble appartenant à la municipalité, partiellement muré et promis à la démolition. Une vingtaine de sans-papiers égyptiens et tunisiens, qui avaient fui leur pays après le printemps arabe, vivaient dans ce squat, sans accès à l'eau, à l'électricité et au gaz.
Selon le rapport d'expertise et les témoins, le prévenu, au casier judiciaire comportant trois condamnations dont une pour agression sexuelle, "dormait les bougies allumées car il avait peur du noir", alors qu'il stockait dans la pièce des livres en grande quantité, dont il faisait commerce.
Durant l'enquête, le prévenu avait nié que l'une de ses bougies soit à l'origine du sinistre, expliquant qu'une autre personne aurait pu mettre le feu dans sa chambre à son insu, sur fond de rivalités entre Egyptiens et Tunisiens.
Dans son réquisitoire, le vice-procureur de Bobigny Didier Cocquio avait estimé que le trentenaire mis en cause "était l'auteur direct de cet incendie par imprudence".