A partir du 11 mars jusqu'au 24 août 2014, la Cité de la musique accueille une exposition exceptionnelle sur les musiques noires dans le monde.
Quel est le point commun entre Michael Jackson, Cesaria Evora, Marvin Gaye, Billie Holiday, Fela Anikulapo Kuti, Aretha Franklin, Bob Marley, Myriam Makeba ?
Ils ont tous marqué l'histoire des musiques populaires au xxe siècle. Les rythmes, l’âme de millions d’esclaves déportés depuis les côtes africaines jusqu’aux Amériques ont crée une constellation de musiques d’une richesse inouïe, à la fois, américaine, africaine, caribéenne ou européenne. Ces musiques noires façonnent la culture populaire mondiale.
Après 400 cents ans de servitude liée à l’une des plus grandes tragédies humaines, la terreur raciale a laissé place à une immense explosion de créativité et de liberté, que la musique depuis lors n’a eu de cesse d’exprimer. Jazz, swing, be-bop, rhythm'n'blues, soul, rock ’n’ roll, funk, disco et rap, autant de genres musicaux qui ont une identité commune, la musique panafricaine. Son influence a contribué à façonner le patrimoine de la culture populaire contemporaine.
Restituer à la musique noire sa densité historique
Entretien croisé Marc Benaïche / Emmanuel Parent. Propos recueillis par François Bensignor.
La notion de « musique noire » est vaste, parfois contestée. Comment l’abordez-vous dans cette exposition ?
Marc Benaïche : L’exposition fait de la musique la colonne vertébrale de plusieurs siècles d’histoire et d’événements politiques. La destinée des musiques noires est la plus grande aventure artistique du XXe siècle. Ce grand courant est alimenté par une infinité d’affluents, difficiles à appréhender d’un seul point de vue. L’exposition a donc été conçue comme un assemblage de fragments. Chacun d’entre eux pose certaines questions, y apporte des réponses. À partir de sa propre histoire, le visiteur est amené à se questionner. Il va saisir certains fragments pour élaborer sa construction personnelle ou densifier la conception qu’il avait de ces musiques au préalable. Exposer la musique est toujours difficile, parce qu’elle est le véhicule émotionnel par excellence. Nous avons cherché à la placer au centre, en faire le coeur d’une expérience sensorielle. Afin que le discours auquel elle est rattachée soit le plus juste possible, nous avons voulu respecter la place et la parole de l’artiste. Et nous avons veillé à la justesse du discours historique et musicologique proposé".
L'exposition
Le visiteur est équipé d’une tablette tactile avec laquelle il va interagir avec l’ensemble des installations.
Il pénètre un espace immersif de 800 m2 dans lequel il est baigné de musiques. Il peut déclencher les documents audiovisuels, vivre des expériences sensorielles, notamment dans l’espace consacré aux musiques de transe, Rythmes et rites sacrés. Lorsqu’il entend une musique qui lui plaît, il peut l’inscrire dans sa propre sélection, qu’il retrouvera sur le site Internet de l’exposition. Les possibilités d’appropriation offertes au visiteur répondent à des usages très contemporains. Nous avons conçu un parcours en six étapes. Chacune des salles dispose d’une scénographie audiovisuelle particulière. Certains espaces sont plus intimes, d’autres plus ouverts. Je ne peux pas tout dévoiler…le visiteur découvrira par lui-même. L’exposition propose
onze heures de contenus audiovisuels, il ne pourra donc en voir qu’une partie, sauf à revenir à plusieurs reprises pour expérimenter tous les parcours que nous lui proposons à travers cette épopée des musiques noires…
L'exposition Great Black Music entend rassembler les pièces du puzzle qui font des musiques noires une évidence. Basée sur un grand nombre d’archives audiovisuelles, d’instruments, de modules pédagogiques et de dispositifs numériques interactifs, cette exposition se déroule en six grandes parties thématiques. Elle fait ainsi le pari d’embrasser le large spectre des musiques noires.
Le parcours
>>pour découvrir les différents parcours
Reportage de Didier Morel et Olivier Badin