Des personnels de greffe se sont mis en grève mardi à l'appel des cinq syndicats représentatifs de la profession, qui ont prévu un cortège dans le centre de Paris, pour réclamer une revalorisation de leur statut et de leur rémunération.
Mardi matin, au tribunal de grande instance de Paris, la grève était suivie "au moins à 90%" en ce qui concerne le pénal, selon une source judiciaire. Certains des cinq greffiers militaires, des anciens tribunaux aux armées, qui n'ont pas le droit de grève, devaient assurer les renvois ou le traitement des dossiers qui ne pouvaient être renvoyés.
La première grève d'ampleur nationale depuis près de 14 ans
Plusieurs cars de greffiers manifestants, en provenance de Niort, Poitiers ou Nancy ont rejoint leurs confrères parisiens. D’autres rassemblements étaient également prévus en région devant plusieurs palais de justice.
C'est le grand chantier dit de la "Justice du XXIe siècle", une réforme d'ampleur en gestation, qui a mis le feu aux poudres et déclenché cette grogne venue de la base. Le mouvement, parti d'Agen, dure depuis près d'un mois déjà, mais se cantonnait jusqu'ici à des rassemblements sur les marches de dizaines de palais de justice en France, sans interruption de travail.
En cas de risque important de trouble à l'ordre public, des greffiers peuvent être réquisitionnés si, par exemple, des questions de délais étaient susceptibles d'entraîner la libération de prévenus, selon la même source.
Le cortège s’est formé place du Châtelet à Paris (1er arrondissement) pour arriver, vers 14H00, aux abords de la place Vendôme, où se trouve la Chancellerie. Cette grève se tient le jour d'une réunion entre les syndicats et la Chancellerie pour évoquer la réforme statutaire. Une première entrevue avait eu lieu le 11 avril, suivie par des rencontres bilatérales, sans avancée notable.
Manque de reconnaissance
Parmi les très nombreuses pistes évoquées pour la réforme de la justice figure la création d'un greffier juridictionnel, aux missions élargies. Il pourrait notamment prononcer un divorce par consentement mutuel, compétence qui relève aujourd'hui du seul juge.
Beaucoup de greffiers n'y sont pas opposés mais estiment qu'une revalorisation préalable est nécessaire. Aujourd'hui, un greffier à l'échelon le plus bas (deuxième grade) ne gagnera pas plus que 2.315 euros bruts mensuels en fin de carrière. La grille des salaires n'a quasiment pas bougé depuis 2003.