Pour les élections européennes de dimanche, les Français de l'étranger sont rattachés à la circonscription Ile-de-France. Un million d'électeurs supplémentaires mais qui ne devraient pas changer les résultats. Si ce n'est le taux d'abstention.
Les Français de l'étranger peuvent-ils changer le résultat des élections européennes en Ile-de-France ?
Le million d'électeurs vivant hors de nos frontières est en effet rattaché pour ces élections à la circonscription de notre région. Soit presque 10% du corps électoral en plus par rapport aux élections européennes de 2009, ce qui n'est pas négligeable.
Une nouveauté dont les listes en Ile-de-France ont tenu compte. Dans chacune d'entre elles, on retrouve un représentant de ces Français de l'étranger. C'est comme tel d'ailleurs qu'Aymeric Chauprade, n°1 de la liste FN/RBM se présente lors de sa première conférence de presse. Consultant en relations internationales, il habite Vienne en Autriche depuis deux ans. "Je suis l'un des leurs. Je connais leurs problématiques. Jusqu' içi, c'était un public auquel ne s'adressait guère le FN. Pourtant, il y a des gens à convaincre", explique-t-il.
Pour expliquer sa désignation comme n°5 de la liste UMP, Geoffroy Didier n'hésite pas à mentionner son expérience professionnelle comme avocat dans des cabinets new-yorkais.
Les listes franciliennes font donc aussi campagne à l'étranger. La semainedernière , Marielle de Sarnez s'est rendu à Londres. Pascal Durand, la tête de liste EELV a déjà pris l'Eurostar et le Thalys. Alain Lamassoure, candidat UMP a posté un message vidéo.
Bref, un pass navigo ne suffit pas pour faire campagne dans la région. Le 21 mai, c'est Manuel Valls qui assistera à un meeting de Martin Schultz à Barcelone. Une présence symbolique pour l'ensemble de la France mais qui a un impact électoral direct dans la région.
Mais pour qui vont voter les Français de l'étranger ? Peuvent-ils infléchir l'euroscepticisme promis à une progression en France, même si l' Ile-de-France est considérée comme la région la plus européenne (54% pour le oui au référendum de 2005). Pour Jean-Marie Cavada, n°2 de la liste centriste, "les Français de l'étranger sont par nature plus ouverts sur les questions internationales". "Ils sont pro-européens parce qu'ils vivent l'Europe au quotidien", ajoute-t-il.
Même conviction du côté d'Europe-Ecologie.
Une position que ne partage pas Raquel Garrido, n°2 de la liste Front de Gauche. "Au contraire, les Français de l'étranger sont aux premières loges pour voir les effets désastreux des politiques d'austérité. Dans les pays du sud comme l'Espagne, le Portugal et la Grèce, ils ont une conscience plus aiguë de cette question", estime-t-elle. "Et en Amérique du Sud, cela leur rappelle ce qu'ils ont vécu au début des années 2000", ajoute celle qui est née au Chili à Valparaiso.
Peuvent-ils être influencés par les rivalités de la politique franco-française qu'ils suivent peut-être de plus loin ? "Ils n'auront pas envie de sanctionner l'un ou l'autre", répond Jean-Marie Cavada, qui espère éviter le traditionnel bipartisme. "Ils sont en majorité sarkozystes", estime au contraire Geoffroy Didier qui plaide pour sa chapelle.
Mais les petites listes espèrent qu'une dépolitisation relative puissent les avantager. C'est le cas d'Isabelle Bordry, tête de liste 'Nous Citoyens en Ile-de-France". " Les Français de l'étranger en ont un peu assez du discours stigmatisant sur les expatriés qui fuient la France", juge l'ancienne responsable de Yahoo Europe.
Toutes les listes savent néanmoins qu'il y aura une forte abstention parmi ces électeurs. Pour la présidentielle de 2012, le taux d' abstention avait été de 58% dans ce corps électoral. Mais pour les législatives, il avait frôlé les 80%. Or cette fois-ci, il s'agit d'un vote physique et pas électronique. Et dans certains pays, il n'y aura que quelques bureaux de vote ouverts. Il n'est pas sûr que beaucoup d'électeurs fassent pour certains des centaines de kilomètres afin de voter.