Des tarifs divisés par deux et une offre exclusivement en ligne. L’auto-école Ornikar propose l’auto-école nouvelle génération, et s’attire les foudres des professionnels du secteur.
Le permis libre et à prix réduit, voilà l’offre que proposent les créateurs d’Ornikar, l’auto-école nouvelle génération. Avec une offre exclusivement en ligne et des prix défiants toute concurrence, Ornikar apparait comme le bon plan pour les jeunes qui souhaitent prendre la route sans vider leur compte en banque ni passer leurs vacances aux côtés d’un moniteur.
Le permis, "c’est difficile et ça coûte cher", constatent les fondateurs de la société, Benjamin Gaignault, 25 ans, et Alexandre Chartier, 28 ans. Les jeunes entrepreneurs ont essayé de repenser l’auto-école avec les outils numériques. Le cœur du concept réside dans la plateforme web, à partir de laquelle les candidats géolocalisent les moniteurs de conduite selon leurs disponibilité.
Pour que les moniteurs aient accès aux véhicules, des contrats de location longue durée ont été négociés avec des constructeurs automobiles. Ainsi, les professeurs, qui ne sont pas salariés mais indépendants, peuvent s’équiper en voiture à double commande. "Ça doit permettre de revaloriser les moniteurs, qui ne sont pas reconnus, souvent mal payés," affirme Alexandre Chartier. "Ceux qui viennent nous voir ont majoritairement 30-35 ans, et sont des déçus du système actuel".
Sur chacune des heures de conduite, Ornikar prend une commission, "un peu d’argent", pour avoir mis en relation les candidats et les moniteurs diplômés. Pour une heure de conduite, Ornikar devrait facturer 34,90 euros, contre 50 à 60 euros pour une auto-école traditionnelle. Pour être rentable, les entrepreneurs comptent sur le grand nombre d’heures prises par les élèves. Et en ce qui concerne le code, l’apprentissage se fait chez soi, en ligne. Les candidats n’ont plus qu’à se présenter, comme pour la conduite, en candidat libre. Prix du kit "candidat libre": 690 euros pour 20 heures de conduite.
Le modèle économique d’Ornikar devrait permettre de proposer des tarifs divisés par deux par rapport à ceux des auto-écoles traditionnelles (1665 euros en moyenne). Un argument qui n’est pas passé inaperçu auprès des professionnels du secteur qui voit d’un mauvais œil l’arrivée du nouveau concurrent. L’Union nationale des indépendants de la conduite (Unic) dénonce une "paupérisation de toute une profession" et craint l’envoi "d’un grand nombre de candidats dans les marécages boueux du candidat libre".
Accusant la start-up de s’être lancé avant d’avoir obtenu l’agrément de la préfecture, plusieurs syndicats et associations ont récemment assigné Ornikar en justice. "Nous sommes dans une profession règlementée et Ornikar a violé toutes les règles", a déclaré l'avocat des plaignants, Me Claude Legond. Face au mécontentement, le tribunal de Paris a débouté les plaignants mais réclame d’Ornikar qu’il ne publie plus ses tarifs avant d’avoir obtenu l’autorisation d’exercer. Une centaine de moniteurs attendraient déjà l’agrément d’Ornikar pour signer un contrat. "Il y a un marché, une demande qui existe," affirme Alexandre Chartier.