Le militant écologiste Pierre-Emmanuel Neurohr, surnommé "le bloqueur d'avion", a été condamné vendredi à deux mois de prison pour avoir tenté d'empêcher, pour la cinquième fois, un avion de décoller.
Pierre-Emmanuel Neurhor, qui entend dénoncer la "destruction du climat" par la navigation aérienne, est ressorti libre du tribunal correctionnel de Bobigny, sa peine de prison ferme de deux mois ayant déjà été effectuée en détention provisoire. Le militant écologiste avait été interpellé et incarcéré le 5 septembre 2012, suite à son intrusion, la 5e, sur le tarmac de Roissy-Charles-de-Gaulle. Pour ses quatre précédentes intrusions, il avait été condamné en appel à trois mois avec sursis et à une amende.
Répétant à chacune de ses actions le même mode opératoire, M. Neurohr avait découpé un bout de grillage pour pouvoir accéder aux pistes, où il s'était placé debout face à un avion d'Air France, retardant le décollage de l'appareil de 10 minutes. Pour ces faits, il a été reconnu coupable du délit d'"entrave à la circulation des aéronefs", de "dégradation" et de non-respect d'un arrêté préfectoral interdisant l'accès à une "zone de sûreté". Ces deux dernières accusations lui valant 1.200 euros d'amende. Air France touchera par ailleurs 1.500 euros de dommages et intérêts pour "atteinte à l'image".
Crâne rasé et chemise blanche, M. Neurohr s'est présenté à la barre sans avocat et a expliqué avoir agi "en état de nécessité". "Toutes les études scientifiques montrent que d'ici 15 ans des parties entières de la planète seront en état de sécheresse (...) et c'est maintenant qu'il faut agir pour éviter des millions de morts", a t-il détaillé, en soulignant "n'avoir commis aucune violence" lors de ses actions.
"Le militantisme a des limites (...), à savoir la non-entrave de la liberté d'autrui et le respect de son intégrité physique et de celle d'autrui", lui a répondu Romaine Brunati, la représentante du ministère public, avant de requérir quatre mois d'emprisonnement dont deux avec sursis et 5.000 euros d'amende. M. Neuhror s'est dit "atterré par la décision des juges". "Si d'ici 15-30 ans des historiens s'intéressent à mon procès, ils ne pourront que constater l'aveuglement de la Justice et de mes concitoyens", a t-il affirmé à l'issue de l'audience.
Cet ancien salarié de Greenpeace, âgé de 46 ans, qui dit "ne plus avoir le courage" de continuer son combat débuté il y a 25 ans, a déclaré préférer désormais être considéré comme un "lanceur d'alerte" plutôt qu'un "militant écologiste intéressé par les batraciens et les petits oiseaux."