Une femme de ménage de 40 ans a été condamnée vendredi 24 octobre 2014 à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Paris pour avoir tué et volé sa patronne avant de maquiller son homicide en suicide.
Le corps de Michèle Laforge, 64 ans, gérante d'une boutique d'accessoires pour animaux, avait été découvert par son mari vétérinaire en décembre 2011 dans leur appartement parisien. A demi dénudée, la victime était immergée dans sa baignoire et tenait à la main un sèche-cheveux branché. Sa femme de ménage a été condamnée à 18 ans de réclusion criminelle.
Quinze ans minimum de réclusion criminelle avaient été requis par le parquet. "Tous les éléments de ce dossier convergent vers l'accusée, Bnina Bouzoumita et aucune autre hypothèse que sa culpabilité n'est crédible, pas plus celle du suicide que celle d'un accident ou de l'intervention d'un tiers", a estimé l'avocate générale Annie Grenier. Pour la représentante du parquet, les nombreux mensonges de l'accusée sur son emploi du temps, le vol des bijoux de la victime qu'elle a reconnu, tout comme certains éléments matériels la désignent comme l'auteur d'un meurtre, même si la qualification retenue dans la procédure est celle d'un vol avec violences ayant entraîné la mort. Pour l'avocate générale, une altercation a opposé la femme de ménage à sa patronne qui se serait rendue compte d'un précédent vol ou l'aurait surprise en train de "farfouiller dans sa boîte à bijoux". "Mme Laforge avait le sang chaud et quand ça va pas, elle explose. On imagine les mots blessants qu'elle a pu prononcés", a-t-elle expliqué. La magistrate imagine alors que l'accusée ait pu se saisir d'un chandelier qui se trouvait à proximité pour la frapper. Selon son récit, elle aurait ensuite traîné la victime sans connaissance dans la baignoire, l'aurait noyée en lui maintenant la tête sous l'eau, avant de nettoyer l'appartement pour effacer empreintes et traces de sang. Le verdict est attendu en fin de journée.
"On veut faire porter à Mme Bouzoumita un chapeau trop grand pour elle", a dénoncé Me Faycal Sohlobji, l'un de ses avocats, pour qui "on ne peut établir un lien de causalité entre le vol de bijoux et la mort de Michèle Laforge. "Il n'est pas établi avec certitude que sa noyade a été provoquée et les autres pistes possibles n'ont pas été approfondies par la brigade criminelle", a-t-il regretté. "En fait, on ne sait pas ce qui s'est passé mais on a une coupable désignée",
a déploré son confrère Me Thibaud Cotta. "Je ne crois pas que Mme Bouzoumita était la seule à pouvoir entrer dans l'appartement avec les clefs qu'on lui avait confiées et que la porte était bien verrouillée, comme l'a indiqué son mari", a avancé l'avocat. "Les documents mis en évidence? Mais ma cliente ne sait pas lire", a-t-il relevé. "Et on voit mal comment Mme Bouzoumita, atteinte d'un fibrome, aurait pu hisser une femme de 65 kg dans une baignoire alors que son médecin lui interdit de porter plus de 25 kg sous peine d'hémorragie", a-t-il ajouté. "La vérité, c'est que rien ne prouve qu'il y ait eu un meurtre", a-t-il avancé, en n'excluant pas l'hypothèse d'un suicide ou d'un accident. Il avait réclamé l'acquittement de sa cliente.