Le niveau "alerte attentat" de Vigipirate, instauré mercredi en Ile-de-France à la suite de la fusillade contre Charlie Hebdo, est le plus élevé du dispositif antiterroriste. Il s'applique quand des menaces terroristes ont été détectés, ou quand un acte terroriste a été commis sur le territoire.
Des mesures exceptionnelles et temporaires, drastiques, sont alors instaurées comme interdire les grands rassemblements, le stationnement près des écoles, systématiser les contrôles et patrouilles dans ou aux abords des zones sensibles. Des cellules de crise sont mises en place, des unités d'intervention et les services spécialisés sont en alerte.
Toutes les mesures applicables au niveau plus simple de "vigilance" restent bien sûr activées, notamment l'interdiction du stationnement près de certains édifices publics qui pourraient constituer une cible de choix pour des attentats ou encore le contrôle des bagages dans les aéroports.
Le plan gouvernemental Vigipirate, qui relève du Premier ministre et associe tous les ministères, n'a cessé d'évoluer au fil des ans. Son célèbre code couleur (blanc, jaune, orange, rouge, écarlate) a été abandonné en février 2014 au profit de deux niveaux de mobilisation: "vigilance" et "alerte attentat". Désormais, l'un ou l'autre de ces niveaux sont signalés dans l'espace public sous la forme d'un logo triangulaire rouge à bord noir. Vigipirate a été conçu en 1978 quand l'Europe essuyait une vague d'actions terroristes.
Il avait été déclenché pour la première fois le 2 janvier 1991 à l'occasion de la guerre du Golfe. En septembre 1995, il avait été réactivé après l'explosion
d'une voiture piégée devant une école juive de Villeurbanne (Rhône). Le dispositif avait été renforcé en octobre 1995 après l'attentat dans le RER à la station Musée d'Orsay à Paris, puis à nouveau en décembre 1996 à la suite de celui à la station Port-Royal.
En 1998, un renforcement du plan avait été décidé à l'occasion de la Coupe du monde de football, puis lors de la guerre au Kosovo. Il avait été réactivé le 29 novembre 2000 en Corse après des attentats.
Vigipirate était resté bloqué en vigilance "rouge" depuis les attentats de Londres en juillet 2005, passant régulièrement au niveau "rouge renforcé" pendant les périodes sensibles comme les fêtes de fin d'année.
En mars 2012, le plan Vigipirate était passé brièvement et pour la première fois en alerte "écarlate" dans la région Midi-Pyrénées, au moment des tueries perpétrées par Mohamed Merah à Toulouse et Montauban (sept personnes assassinées, dont trois enfants).
>> un reportage de Céline Cabral