Après l'attentat contre Charlie Hebdo mercredi, l'équipe rescapée publiera mercredi "un numéro de survivants" tiré à un million d'exemplaires, et pourra recevoir une aide publique d'un million d'euros.
Le ministre de la Culture Fleur Pellerin a annoncé jeudi soir qu'elle débloquerait "en urgence" une aide exceptionnelle d'environ un million d'euros pour le journal, si besoin. De nombreux médias ont également offert leur aide et organisent dès vendredi un appel aux dons.
"Charlie Hebdo sortira mercredi prochain et sera tiré à un million d'exemplaires" contre 60.000 habituellement, a annoncé l'avocat Richard Malka, à l'issue
d'une réunion de l'équipe restante du journal jeudi midi. Ce sera un numéro limité à 8 pages au lieu de 16 habituellement. La rédaction se mettra à l'oeuvre dès vendredi matin, dans les locaux de Libération qui a offert de l'héberger "tant qu'ils en auront besoin" avec les moyens nécessaires, comme Libé l'avait fait en 2011 après l'incendie des locaux de l'hebdomadaire.
France Télévisions, Radio France, Le Monde et la plupart des grands médias hexagonaux ont également offert leur aide, de RTL à Lagardère Active (Europe 1, JDD, Elle), en passant par l'AFP, Amaury (Le Parisien, L'Equipe), France Médias Monde (RFI, France 24) et NextRadioTV (BFMTV, RMC). Certains médias ont rencontré jeudi après-midi un représentant de Charlie Hebdo pour répartir les actions de soutien. "Ils ont un besoin immédiat de financement. On va mettre en place un appel aux dons qui sera diffusé sur tous les médias dès demain", a déclaré Louis Dreyfus, président du directoire du groupe Le Monde.
"Les recettes du prochain numéro seront reversées aux familles des victimes. L'appel au dons c'est pour que Charlie Hebdo continue après", a-t-il ajouté. L'appel sera aussi diffusé à l'étranger, selon Reporters sans frontières.
Multiples propositions
Depuis l'attentat, le journal a reçu de multiples aides, sous forme de dons, d'abonnements ou d'appui matériel. La Banque publique d'investissement Bpifrance a décidé de prendre 50 abonnements, tout comme le ministère de la Culture. Mais les particuliers ne peuvent pas facilement s'abonner pour l'instant : le site du journal se résume au slogan "Je suis Charlie" affiché en plusieurs langues.
De son côté, le Fonds Google/éditeurs pour "l'innovation numérique de la presse" (FINP) va "s'associer à l'initiative générale" sans pouvoir chiffrer encore le montant de cette enveloppe exceptionnelle, a déclaré Ludovic Blecher, son directeur général. Le fonds "Presse et pluralisme", qui permet de faire des dons défiscalisés aux médias, a décidé de débloquer 200.000 euros dans les 24 heures afin de permettre
la diffusion à un million d'exemplaires du prochain numéro de Charlie Hebdo. Le soutien s'organise aussi chez les distributeurs. Pour le numéro du 7 janvier, jour de l'attaque, toute la filière de distribution rendra à Charlie Hebdo son pourcentage sur les ventes, pour que l'intégralité des recettes aille au journal et aux victimes, ont indiqué les Messageries Lyonnaises de presse (MLP).
Pour le prochain numéro, le dispositif sera le même - toute la recette pour le journal -, et accompagné d'un soutien publicitaire gratuit. L'ancien patron de Charlie Hebdo, Philippe Val, invité jeudi sur France Inter, a souligné que "beaucoup de gens, beaucoup d'intellectuels, d'artistes" étaient prêts à aider le journal.
Avant l'attentat, Charlie Hebdo était au bord de la faillite et craignait de disparaître, faute de ventes suffisantes. Le journal ne se vendait qu'à 30.000 exemplaires, la moitié de son tirage, alors qu'il avait besoin d'atteindre les 35.000 pour être à l'équilibre, avait expliqué Charb. Il avait lancé un appel aux dons en novembre, mais n'avait recueilli que quelques 28.000 euros en fin d'année, alors qu'il visait un million.