Si la nouvelle génération se fait rare à l'achat d'une ferme, notamment par la pression financière, la passion l'emporte. C’est le cas en Seine-et-Marne pour François Roussel, 21 ans, qui n’a qu’un objectif : reprendre avec son frère aîné la ferme de son père.
Trois fermes sur quatre n’arrivent pas à trouver de repreneur. Ce constat met un doute sur l’avenir des jeunes dans l’agriculture. Conditions de travail difficiles, coûts d'exploitation en hausse mais aides en baisse ... Difficile de prendre la relève d'un confrère lorsque l’on sait que l’avenir est incertain. Cela n’altère en rien les ambitions de François Roussel, jeune agriculteur normand de 21 ans, passionné par le monde agricole.
On a été élevé là-dedans
Dès sa naissance, François Roussel a été plongé dans le bain. Son grand-père, puis son père, géraient l’exploitation agricole dans le petit village d’Anveville, en Seine-Maritime. Au total, sur une superficie de 150 hectares, plus d’une centaine de vaches de race Salers y sont élevées depuis 1993. Elles sont élevées principalement pour la viande. La famille exploite également des parcelles de blé, mais très peu.
Mon père nous fait confiance
Baigné dans les odeurs de tracteurs et rompu aux marches dans les pâturages, il n’a pas eu de mal à trouver quelqu’un qui veuille bien lui laisser sa ferme: « Mon père nous fait confiance. Il est content de savoir que sa ferme va être reprise par ses fils ». A partir de là, pour comprendre comment fonctionnait une ferme, il s’est lancé très vite aux côtés de "son paternel" en l’accompagnant dans sa vie d'agriculteur et en poursuivant toujours son rêve : être à sa place.
J’en ai eu marre de l’école (…) j’ai trouvé un bon boulot tout de suite
Après la pratique, l’âge de la théorie a approché. Après le lycée et son baccalauréat général, François Roussel a obtenu un BTS Production Animalière. Il a également suivi une formation en mécanique agricole. Une fois son CV complété, il a quitté l’école pour se consacrer à temps plein à la ferme familial : son berceau.
C’est avant tout une passion
Intrigué par sa volonté de reprendre à tout prix la ferme, nous lui avons demandé si succéder à son père ne serait pas chose compliquée : « Évidemment, on peut avoir des inquiétudes sur le métier, mais c’est avant tout une passion. » Et son appétit pour la ferme est héréditaire. D'une part parce que l'exploitation sera reprise avec son frère (Maxime Roussel, 22 ans). D'autre part parce que depuis 2004, la famille de Seine-Maritime participe à différents Salons. Ainsi, elle expose ses Salers pour la 5ème fois au Salon de l’Agriculture et notamment Hercule, 4 ans et plus d'une tonne.
Être éleveur aujourd’hui : c'est un dur métier quand on n'est pas issu du milieu
Au détour de la conversation, on comprend que pour lui, plusieurs enjeux sont à relever. Tout d’abord par rapport à sa vie d’éleveur et ses conditions de travail : « On n'est pas à 35 heures/semaine à la ferme. L’hiver on travaille une quarantaine d’heures. L’été, avec les champs, on peut faire des semaines à 70 heures ».
Au delà du métier, les constructions récentes de ferme-usine l'inquiète : " On a plutôt peur de ces fermes-usines. Cela menace la pérénnité des petites exploitations car il est plus facile pour les jeunes de reprendre une petite ferme que construire une entreprise de toute pièce".