Un élève scolarisé à Saint-Maur (94) et rédacteur en chef du journal de son lycée, est l'objet de menaces de mort répétées, depuis fin janvier et la publication d'un numéro spécial Charlie Hebdo.
Après les attentats, Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de "La Mouette bâillonnée", le journal du lycée, un établissement
réputé de 2.300 élèves.
Dans ce numéro titré "Je suis Charlie", des billets d'humeur, des poèmes, des dessins, mais aucune caricature de Mahomet. "C'était un hommage aux 17 victimes sans discrimination, pour les juifs, les journalistes, les policiers", explique Louis. Son lycée a été directement touché par les événements puisqu'un élève a perdu son père dans l'attaque de Charlie Hebdo, le correcteur Mustapha Ourrad, tandis qu'une autre a vu son oncle tomber sous les balles d'Amédy Coulibaly dans la prise d'otages de l'Hyper Cacher à Vincennes.
Dès le lendemain de la diffusion, il découvre dans la boîte aux lettres du journal une enveloppe contenant la Une du fameux numéro sur laquelle ont été agrafés une croix gammée, un cercueil et une lettre de menace de mort. Il dépose plainte au commissariat de Saint-Maur qui ouvre une enquête. Au total, sept menaces de mort lui ont été adressées depuis fin janvier, dont deux comportant une ou plusieurs balles. La dernière, qui remonte à début mai, avait "un goût d'ultimatum" selon lui.
Louis, "très affecté psychologiquement" confie ne "dormir que quelques heures par nuit", "ne plus sortir seul dans la rue" et se déplacer avec "deux bombes lacrymogènes" en permanence sur lui. Chaque soir, il est raccompagné chez lui à la sortie des cours par le proviseur ou son adjointe.
Plusieurs enseignants ont décidé d'exercer leur droit de retrait jeudi 21 mai et se sont rassemblés avec de nombreux élèves à midi devant l'entrée du lycée Marcellin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés, pour manifester leur soutien à cet élève, inscrit en classe de première.
Une délégation de six personnes, composée de professeurs et de parents d'élèves, doit être reçue vendredi matin 22 mai par le rectorat de Créteil. "La situation est préoccupante", confie Vincent Auber, directeur académique adjoint du département. "Nous avons été réactifs dès la première lettre, nous avons vu et reçu l'élève à plusieurs reprises, mais nous ne souhaitions pas interférer dans l'enquête en cours, surtout qu'il s'agit d'un mineur".