C'est un nouveau rebondissement dans l'affaire Tarnac. Les huit personnes soupçonnées d'avoir saboté des lignes TGV sont renvoyées en correctionnelle pour "association de malfaiteurs". Dans ce dossier, la qualification de "terroriste" n'a finalement pas été retenue par la juge d'instruction.
Huit militants libertaires, dont le plus célèbre d'entre eux Julien Coupat, seront bien jugés en correctionnelle pour "association de malfaiteurs".
Dans son ordonnance rendue vendredi, Jeanne Duyé, la juge d'instruction antiterroriste en charge du dossier, n'a pas suivi les réquisitions du ministère public qui demandait que la circonstance aggravante d'"entreprise terroriste" soit retenue à l'encontre de trois militants, dont Julien Coupat et sa compagne.
"Après près de sept années d'instruction complètement à charge, nous avons enfin une décision de justice courageuse. C'est un désaveu total pour le parquet", ont réagi Marie Dosé et William Bourdon, avocats des prévenus. "Depuis le début, nos clients ont été considérés et traités comme des terroristes. On se rend compte enfin que ce qualificatif ne tient pas", ont-ils ajouté.
Rappel des faits
Le "groupe de Tarnac", présenté comme proche de l'ultra-gauche, est soupçonné d'être à l'origine de sabotages de lignes SNCF sur des caténaires dans l'Oise, l'Yonne et la Seine-et-Marne.
Julien Coupat, 41 ans, et son épouse Yildune Lévy, 31 ans, ont reconnu leur présence dans la nuit du 7 au 8 novembre 2008 à Dhuisy (Seine-et-Marne)
aux abords de la voie ferrée où passe le TGV Est, mais ont toujours nié avoir participé à la pose d'un fer à béton, retrouvé plus tard sur la caténaire.
Tordu en forme de crochet, il avait causé d'importants dégâts matériels au premier TGV du matin, et fortement perturbé le trafic.
Pour les agents SNCF interrogés par les enquêteurs, cet acte ne pouvait pas menacer la sécurité des voyageurs.
Souvent présenté comme brillant intellectuellement, Julien Coupat, fils de famille aisée, est considéré comme le fondateur de ce groupe d'une vingtaine de jeunes, qui gravitaient autour d'une propriété agricole proche de Tarnac (Corrèze).
Outre les faits de Dhuisy, le parquet imputait à Julien Coupat, qui a effectué un peu plus de six mois de détention provisoire jusqu'en mai 2009, une participation à un autre sabotage du TGV Est, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2008 à Vigny (Moselle).
La juge d'instruction a rendu un non-lieu dans ce volet de l'affaire, ne retenant que les faits de Seine-et-Marne, selon la source judiciaire. Parmi les autres membres du groupe, quatre autres personnes sont renvoyées devant le tribunal correctionnel pour avoir refusé de donner leur ADN et, pour deux d'entre
elles, pour "falsification de documents administratifs".