Ce samedi, la brigade des sapeurs-pompiers de Paris célèbre ses 210 ans d’existence. Depuis sa création en 1811, ce corps de l’armée de terre a dû innover au fil des sinistres pour répondre à des défis de plus en plus complexes, comme l’explique l’historien spécialiste de la brigade, Didier Sapaut.
Ce samedi 18 septembre 2021 marque le 210e anniversaire des sapeurs-pompiers de Paris. C’est par le biais d’un décret signé par Napoléon Ier que ce qui porta d'abord le nom de Bataillon des Sapeurs-Pompiers de Paris, vit le jour en 1811. Cette décision avait fait suite à un incendie survenu à l’ambassade d’Autriche en 1810 lors duquel Napoléon remarqua des failles au sein de son service de sécurité. "Napoléon et l’impératrice Marie-Louise étaient présents et ont failli brûler durant l’incendie, ce qui donna naissance au premier bataillon des sapeurs-pompiers" note l’historien Didier Sapaut auteur de l’ouvrage "Paris et ses sapeurs-pompiers" paru en 2017 aux éditions Massin.
A la création du bataillon et jusqu’en 1880, les sapeurs-pompiers se déplacent à pied sur les lieux d’intervention et utilisent des pompes-à-bras pour combattre les incendies. "Cet outil a été mis au point dès le XVIIIe siècle, il s’agissait pour les membres du bataillon de remplir un réservoir avec des seaux d’eau. La pompe était tirée à bras d’homme vers le lieu de l’incendie puis activée afin d’éteindre les flammes", explique l’historien. Cette méthode est remplacée à partir des années 1870 par un système de pompe à vapeur plus puissant et dotée d’un réservoir plus important. La pompe commencera à être tractée par des chevaux à partir de 1880.
Le tournant du XXe siècle avec l’arrivée des véhicules automobiles
À partir des années 1900, les équipements de ce que l’on appelle à partir de 1866 le régiment des sapeurs-pompiers bénéficient d’une avancée technologique majeure avec l’arrivée des véhicules automobiles. "Ceux-ci sont généralisés à partir de 1910 et facilitent les déplacements ainsi que le fonctionnement de la pompe", explique Didier Sapaut. Ces avancées technologiques permettent au régiment de composer avec un Paris de plus en plus urbanisé au début du siècle.
"Les immeubles haussmanniens qui voient le jour dès la fin du XVIIIe siècle comportent 7 ou 8 étages, il faut donc fortement accroître la puissance des lances pour pouvoir lutter contre les incendies", note l'ancien directeur de la chaîne Histoire. Des échelles sur support apparaissent également à cette période et permettent d’atteindre des hauteurs de plus en plus importantes. Le régiment des Sapeurs-pompiers de Paris est notamment très présent lors des opérations de lutte contre les incendies suite aux bombardements survenus durant la Seconde Guerre Mondiale.
Or, ce n’est qu’à la fin des années 1960 que le corps d’armée voit son spectre de compétences évoluer. En 1968, le régiment devient une brigade et est désormais habilité à intervenir sur tous les départements de Petite Couronne.
Les années 1970 et l’introduction du secours-à-victime
À partir de 1970, les sapeurs-pompiers sont habilités à porter secours aux victimes de blessures dans la rue. "Ainsi, leur dimension change, car ils ne se contentent plus seulement des incendies et des déblaiements", clarifie le spécialiste de la brigade. Leurs véhicules changent également et comportent à partir de cette époque des équipements médicaux intégrés qui permettent de procéder à de premiers examens lors du transfert vers l’hôpital.
L’historien note sur ce point que les prérogatives de secourisme ne sont donc plus réservées qu’à la police comme c’était le cas jusqu’alors. "Cela montre également la faculté qu’ont eue les sapeurs-pompiers à s’adapter au gré des sinistres et des époques pour répondre aux besoins de la population de la capitale", explique-t-il.
"Aujourd’hui encore, la brigade ne cesse d’évoluer technologiquement pour répondre aux défis d’une capitale qui évolue de plus en plus vite", conclut Didier Sapaut. Depuis peu, les sapeurs-pompiers de Paris utilisent des drones pour des incendies ou des accidents très importants. Ils ont également fait usage d’un robot télécommandé relié à une lance à eau lors de l’incendie de Notre-Dame en 2019.
Les innovations techniques et technologiques sont donc au cœur des préoccupations des sapeurs-pompiers depuis leur création en 1811 et leur permettent d’élargir leur spectre d’activité pour répondre aux défis d’une capitale en perpétuelle évolution.