Les proches des victimes des attentats du 13 novembre qui se sont constitués parties civiles seront reçus pour la première fois fin mai par les juges d'instruction chargés de l'enquête, a-t-on appris mardi.
Vu le nombre inédit de parties civiles -plus de 500-, ces réunions vont se dérouler sur trois jours, les 24, 25 et 26 mai, dans une salle de l'École militaire à Paris, a indiqué une source proche du dossier.
Il s'agit de la première rencontre entre les familles de victimes et les juges depuis les attentats de Paris et de Saint-Denis qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés. "Nous avons hâte de connaître les avancées de l'instruction et nous attendons aussi d'avoir des précisions sur le retour en France de Salah Abdeslam", seul survivant du commando, arrêté à Bruxelles le 18 mars et incarcéré depuis en Belgique, a commenté Me Olivier Morice, qui représente plusieurs familles de victimes.
Pour Me Samia Maktouf, avocate de plusieurs parties civiles, il s'agit d'"un premier pas très important qui va permettre aux proches d'aller à la rencontre de la justice".
"Je ne sais pas si les familles obtiendront des réponses à leurs questions. Elles sont en colère car elles savent que des auteurs des attentats étaient connus et surveillés par les services. Elles ne comprennent pas pourquoi ils n'ont pas été interpellés avant", a-t-elle ajouté.
Plusieurs familles ont indiqué à l'AFP qu'elles comptaient aussi interpeller les juges sur la question de la sécurité de la salle de concert du Bataclan qui avait déjà fait l'objet de menaces.
Elles s'interrogent sur le rôle d'un Belge d'origine tunisienne, Farouk Ben Abbes, qui a été mis en examen dans une enquête ouverte en juillet 2010 sur un projet d'attentat visant la salle de spectacles, avant qu'un non-lieu soit prononcé en septembre 2012 faute de "charges suffisantes". "Ce contact direct entre les juges d'instruction et les victimes (...) est absolument nécessaire et constitue une étape importante pour leur reconstruction dans la durée", a réagi dans un communiqué Juliette Méadel, secrétaire d'État chargée de l'aide aux victimes. "Je veillerai à ce que les victimes soient accompagnées dans ce moment particulier", assure-t-elle.
Des réunions comme celles des 24, 25 et 26 mai sont organisées par la justice dans le cadre d'enquêtes sur des catastrophes de grande ampleur comme le crash du vol Rio-Paris en 2009, l'accident ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne) en 2013 ou sur des attentats comme celui de Karachi en 2002.