Avalanche de réactions après l'interdiction de la manifestation du 23 juin

La décision du gouvernement, historiquement exceptionnelle, d'interdire finalement la manifestation syndicale parisienne contre le projet de loi travail a immédiatement déclenché une avalanche de réactions politiques et syndicales.

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Après deux jours de tractations avec les syndicats, le préfet de police de Paris a finalement annoncé, mercredi matin 22 juin, l'interdiction du défilé, déclenchant comme on pouvait s'y attendre, de très nombreuses réactions, syndicales et politiques. Il faut dire que cette décision d'interdire une manifestation syndicale n'avait pas été prise depuis 1962 (dans le contexte de la guerre d'Algérie) et jamais par un gouvernement de gauche.

Dès l'annonce faite par la préfecture de police, les secrétaires généraux de Force ouvrière Jean-Claude Mailly et de la CGT Philippe Martinez ont demandé à "être reçus rapidement par le ministre de l'IntérieurBernard Cazeneuve.
Dans la foulée, les 7 syndicats opposés au projet de loi travail, dont la CGT, FO et Solidaires, ont annoncé une conférence de presse pour la mi-journée.


"faute historique" à gauche

Les syndicats ne sont pas les seuls à réagir vivement. Premier politique à s'exprimer,quelques minutes à peine après l'annonce de l'interdiction le député Christian Paul, chef de file des députés PS "frondeurs", a dénoncé une "faute historique". Il estime que Manuel Valls durcit une fois encore sa position au moment où on s'approchait d'un compromis sur le projet de loi.
Et à gauche toujours, pour la députée PS, ex-ministre, Aurélie Filipetti "cette décision est un acte extrêmement grave".

A gauche encore, "l'interdiction ferait de la CGT le bouc émissaire et la victime de la gauche au pouvoir et serait mortifère pour l'histoire et notre culture de gauche", avait mis en garde dès mardi 21 juin, le député PS Pascal Terrasse. Et ce mercredi matin, même la CFDT, pourtant favorable au projet de loi tel qu'il a été réécrit et qui ne participe pas aux manifestations, condamne l'interdiction.

Pour le Front de Gauche Eric Coquerel, "Il reste maintenant 24 heures au gouvernement pour reprendre raison". Et chez les verts d'EELV, Cécile Duflot, qui trouve la décision aberrante et désastreuse, demande la "suspension de l'examen de la loi travail" au Parlement.

La droite sur ses gardes

Les réactions sont plus circonspectes à droite. Alors que plusieurs responsables des Républicains (Alain Juppé, François Fillon) avaient demandé l'interdiction des manifestations, Nicolas Sarkozy avait jugé mardi  "pas raisonnable" une telle éventualité de la part d'un "gouvernement républicain".
"C'est une décision que je comprend et que j'approuve à titre personnel", a réagi ce mercredi le député (Les Républicains) Thierry Solère. "J'appelle la CGT à revenir à la table des négociations. On n'impose pas le retrait par la rue, ce n'est pas ça la démocratie".

Tandis qu'au Front national, Marine Le Pen a immédiatement dénoncé sur Twitter une "démission face aux casseurs" et "une atteinte grave à la démocratie". Le 20 mai, elle réclamait pourtant l'interdiction des manifestations en période d'état d'urgence.


L'Elysée tente de se dédouaner

L'entourage du chef de l'Etat a probablement senti le risque de voir la longue hésitation qui a précédé la décision d'interdiction interprétée comme la preuve d'une différence de point de vue entre François Hollande et Manuel Valls ou Bernard Cazeneuve sur la question. Ce mercredi, l'Elysée précise que "L'interdiction de la manifestation est une décision de gestion opérationnelle de l'ordre publicet ne relève pas d'un arbitrage du président de la République"

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