Malgré les appels de certains syndicats à ne pas surveiller les épreuves du bac, elles se sont déroulées normalement. Elles se déroulent jusqu'à mercredi.
C’était le jour de tous les possibles. Ce lundi, pour les lycéens qui passaient le bac en Île-de-France, le stress, à tous les étages.
Le stress du bac, d’abord. A 14 heures, ils étaient 150 000, issus des filières générales et technologiques, à être attendus pour plancher sur les épreuves de spécialités. Elles comptent pour un tiers des résultats du bac et, pour la première fois, seront prises en compte dans Parcoursup.
Mais à ce stress, est venu s’ajouter un autre stress : celui de ne pas pouvoir passer les épreuves. Car depuis vendredi, le Snes-Fsu, Fo, la Cg et Sud avaient appelé à une « grève des surveillances là où c’est possible. » Quatre jours après le recours au 49-3 par le gouvernement pour faire adopter la réforme sans vote, des perturbations étaient possibles. D’autant que les professeurs ont un autre sujet de mécontentement : le passage des épreuves au mois de mars.
Des actions symboliques
Piquets de grève, rassemblements, distributions de tracts : des actions ont bien eu lieu. Une soixantaine, toutes académies confondues, mais elles n’ont pas empêché le bon déroulement des épreuves. La Seine-Saint-Denis a été le département le plus mobilisé.
Au lycée Utrillo, à Stains, dans le 93, un air de fête de fin d’année planait ce midi. Devant l’établissement, une kermesse était organisée. Pêche à la ligne, marelle, chamboule-tout... tout y était. Une façon de dénoncer le report de l’âge de la retraite mais aussi ce baccalauréat qui commence beaucoup trop tôt selon les professeurs rassemblés.
Un dernier trimestre sacrifié
« Le bac en mars, c’est dégueulasse, la retraite à 64 ans, c’est dégueulasse, le 49.3 c’est dégueulasse et nos élèves ils sont classes » hurle dans le mégaphone, le porte parole des grévistes.
« Les épreuves de spécialités ont lieu aujourd’hui en mars, il n’y a donc pas de troisième trimestre pour nos élèves qui ont besoin de temps pour assimiler et qui n’ont pas la possibilité d’ être aidés chez eux"
Agathe Homand, enseignante de SES à Stains.
A 13h30, pièce d’identité et convocation à la main, les lycéens entrent dans l’établissement. Les professeurs grévistes ne souhaitent pas bloquer les élèves. Certains ont refusé d’assurer la surveillance.
Mais le ministre de l’Education avait anticipé. Dans un point presse mardi dernier, il avait indiqué “mobiliser des surveillants supplémentaires." Quant aux perturbations dans les transports et les possibles retards de candidats, il avait promis de décaler les épreuves du temps correspondant au retard. Enfin, en cas de blocage de lycée, la possibilité de solliciter les préfets avait été évoquée.
Pour les enseignants grévistes, un cas de conscience
La mobilisation était donc plus symbolique qu’autre chose. Il faut dire que pour les enseignants grévistes, le choix était parfois difficile entre le besoin d’exprimer leur mécontentement et le désir de ne pas pénaliser leurs élèves. “Il est évident que ce n'est pas une décision simple à prendre. Ce qu’il faut surtout mesurer, c’est la colère des collègues après le 49 3 et 2 mois de mobilisation dans la rue (…) la responsabilité du Président de la République est immense”, explique Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-Fsu.
Les épreuves de spécialité ont lieu jusqu’à mercredi. Les enseignants seront certainement plus nombreux à se mobiliser pour la 9e journée de grève, jeudi prochain.