Devenir co-propriétaire d'un magnifique château pour la somme de 59 euros... C’est ce que propose la start-up Dartagnans dans l’Oise, à une petite heure au nord de Paris, où le château de Boulogne-la-Grasse s’étiole. Près de 6000 personnes ont déjà franchi le pas pour sauver et mettre en valeur ce lieu exceptionnel.
A la fin du XIXè siècle, Charles de Boulogne, riche propriétaire belge, achète le titre de Comte et fait construire une folie architecturale sur les vestiges du château de la famille de Lancry. L’armature en béton armé (une innovation à l'époque) permet au tout nouveau Comte de bâtir rapidement un édifice solide et de laisser libre cours à sa fantaisie : sculptures de saints, gargouilles, références à la légende arthurienne et inscriptions en latin... Tout y est et le château propose de centaines de trouvailles et trésors plus ou moins cachés.
Les cicatrices de la Grande Guerre
Véritable attraction jusqu’au début de la première guerre mondiale, Boulogne-la-Grasse a ensuite beaucoup souffert. Quelques mois après la victoire de la Marne, le front se déplace dans l’Oise et le château, dont la haute tour offre une vue imprenable jusqu’à Amiens, est réquisitionné par l’armée française. Il devient un camp militaire et pendant 4 ans, des centaines d’hommes vont y tenter de survivre, par exemple en se terrant dans les tunnels creusés autour du château, et dans lesquels on peut toujours voir les « graffitis » et signatures des soldats de l’époque.
Les plus gros dégâts seront infligés au bâtiment entre le printemps 1918 et la mi-août. Le village et son château sont d’abord bombardés puis conquis par l’armée allemande lors des combats autour de Montdidier. La contre-attaque française victorieuse, quelques mois avant l’arrêt des combats, laisse l’édifice encore un peu plus meurtri. Il a fallu près de 25 ans pour reconstruire certaines parties du château et de ses dépendances, mais aujourd’hui encore les cicatrices de la Grande Guerre sont béantes.
Sauver et mettre en valeur le patrimoine
Pour réparer et entretenir ce splendide morceau d’histoire, la start-up Dartagnans a lancé une campagne de financement participatif. L’objectif ? Faire en sorte que des milliers de co-châtelains deviennent propriétaires et s’impliquent activement dans un projet de sauvegarde sur le long terme. Jean-Pierre Passot, amoureux des lieux et « gardien du temple » depuis 10 ans, a saisi l’occasion d’acquérir des parts. «On ne peut pas laisser un monument pareil tomber dans l’oubli. Il faut que les jeunes générations puissent savoir ce qui s’est passé ici, et pas seulement apprendre ça dans les livres ou des films ».
La société Dartagnans n'en est pas à son premier projet de ce type. Elle a déjà acquis trois châteaux : celui de Vibrac en Charente, de la Mothe-Chandeniers dans la Vienne, et le château-fort de l’Ebaupinay dans les Deux-Sèvres. Tous connaissent une seconde vie prometteuse et au vu du nombre de souscripteurs déjà enregistrés sur le projet de Boulogne, le succès devrait encore être au rendez-vous.
Découverte du château de Boulogne-la-Grasse avec Emilie et Jean-Pierre pour TokiWoki