Un rapport remis début juillet 2018 au gouvernement français pointe du doigt le mauvais état de certaines routes, dont des ouvrages d'art. A 13, A 86... L'Île-de-France n'est pas épargnée par cet inventaire. Après la catastrophe de Gênes, y a-t-il pour autant des raisons de s'inquiéter ?
Un pont sur trois à réparer et plus de 2.000 kilomètres de chaussées "gravement endommagées", rien qu'en métropole. C'est le constat dressé par deux cabinets d'audit dans un rapport publié début juillet par le ministère de la Transition écologique. Ce rapport, qui concerne le réseau routier national non concédé, c'est-à-dire 18,5 % du trafic routier français, n'épargne pas l'Île-de-France. Selon ce rapport, l'état de ces chaussées n'a cessé de se dégrader, depuis 2007, preuve d'un entretien insuffisant de ces infrastructures. De 14 % en 2007, la part des chaussées "gravement endommagées" représentait, en 2017, 17 % de ces routes. Autre constat fait par cet audit : les ponts ne sont réparés, en moyenne, que 22 ans après les "premières dégradations". 30 % du parc des ouvrages nécessitant par ailleurs "un entretien ou de grosses réparations", note le rapport.Quand le viaduc de Gennevilliers s'affaisse
Entre le Val-d'Oise et les Hauts-de-Seine, les automobilistes franciliens ont forcément en tête les images du viaduc de Gennevilliers, sur lequel s'élance l'autoroute A 15. Le 15 mai dernier, un mur de soutènement s'est effondré, bloquant la circulation sur l'ouvrage durant plusieurs jours. Mais la solidité du viaduc, construit en 1974, n'est pas remise en cause.Nationale 12, nationale 19, A 6...
En région parisienne, plusieurs axes principaux d'accès à la capitale figurent parmi les "chaussées nécessitant un entretien". Plus inquiétant, le "mauvais état" de plusieurs axes, comme la nationale 12 (l'axe Dreux-Vélizy), entre Jouars-Pontchartrain et Bois-d'Arcy. On peut également citer la nationale 10, entre Rambouillet et Montigny-le-Bretonneux. en Essonne, l'autoroute A 6 est également classée comme chaussée en "mauvais état", entre Chilly-Mazarin et Evry. Plus à l'est, on trouve la N 406 et la N 19 entre Créteil et Brie-Comte-Robert.6 % des ponts "hors service"
Alors à quoi sont dues ces usures ? Les aléas climatiques bien sûr, et la fréquentation élevée de ces routes, qui tend à en accélérer l'usure, explique l'audit externe.Pour entretenir ce parc d'infrastructures, l'argent manquerait à l'appel : en moyenne, 666 millions d'euros ont été consacrés chaque année par la France à ces travaux, ces dix dernières années. Quand la France dépense 50.000 euros le kilomètre pour soigner ses routes, le Royaume-Uni en dépense 80.000 euros. Si rien n'est fait pour renforcer l'entretien de ces ouvrages, 6 % des ponts pourraient être "hors service" en 2037, prévoit le rapport d'audit.Le réseau routier national non concédé a fortement vieilli ces dernières années. La dégradation des chaussées et des ouvrages d’art est préoccupante.