Six adolescents sont morts ou ont été blessés gravement après des rixes entre bandes en moins d’un mois en Île-de-France. Pourtant c'est au quotidien qu'agissent familles, associations et éducateurs, dans l'ombre, pour que des jeunes "ne glissent pas" dans la délinquance et ne meurent pas.
Associer les familles et les acteurs de terrain
Garges-les-Gonesse, Saint-Denis, Les Lilas, Paris, Sarcelles, Brunoy … Six jeunes sont morts ou blessés gravement après des rixes et des règlements de compte en Île-de-France. Six de trop.
Les rivalités entre des bandes de quartiers ont toujours existé. Mais aujourd'hui c'est un phénomène dont l'ampleur semble augmenter notamment avec les rassemblements lancés sur les réseaux sociaux.
Les raisons de ces affrontements sont souvent futiles, voire incompréhensibles : des histoires de coeur ou des questions de territoires.
Les politiques, notamment les maires réagissent.
Dans la capitale, 250 affrontements entre bandes rivales ont eu lieu depuis 2016, six personnes sont mortes cette année.
Anne Hidalgo a lancé, au début du mois, des Etats Généraux de prévention des rixes avec la police, la justice et le rectorat.
Elle veut également associer les familles, les mondes associatif, éducatif.
L’objectif est de présenter une stratégie de prévention début 2019.
La ville de Saint-Denis a décidé de lancer des Assises citoyennes contre la violence du 26 novembre au 2 décembre .
Laurent Russier, le maire, veut consulter les habitants de la ville.
"De toutes façons on est les mêmes, on s’intéresse aux mêmes trucs, y a que le nom du quartier qui change", affirme un adolescent
Tous les jours, des éducateurs, des associations font tout pour que les jeunes se rencontrent, apprennent à s’apprécier, d’où qu’ils viennent, et à se respecter.
Ils ont bien compris, et ce depuis longtemps, que c’est à eux de se prendre en main.
Les deux associations MixCité de Villiers et Kana Jeunesse d’Avenir de Champigny organisent des rencontres sportives depuis un an avec l'aide des associations Training Day, Konateam, C'Nous, pour partager des activités et apprendre à se connaître. Un moyen d'apaiser les tensions entre bandes rivales.
Fin septembre, une session de cross training au city stade du Bois l’Abbé à Champigny-sur-Marne a eu beaucoup de succès.
Pour Koula Kanamakazy de l’association Kana Jeunesse d’Avenir, depuis ces journées de partage, "les tensions se sont calmées".
Un jeune participant déclarait après une rencontre sportive « De toutes façons on est les mêmes, on s’intéresse aux mêmes trucs, y a que le nom du quartier qui change ».
Adel Amara de l’association MixCité des Hautes Noues à Villiers se souvient :
Il y a plusieurs mois, on s’est réuni et on s’est dit, il faut agir avant qu’il y ait un mort.
Membre actif de l'association, il connaît bien les rivalités entre les bandes des quartiers, où lui-même a grandi.
Selon lui, les "grands frères" ont un rôle essentiel, ils se doivent d'être là, à chaque instant, car les jeunes après l'école s'ennuient et sont souvent livrés à eux-mêmes.
Le sport au-delà des différences
A Paris, dans le 18ème arrondissement, une autre association, Les Enfants de la Goutte d’Or, est très active auprès des jeunes.Leur objectif est de faire jouer les jeunes ensemble, toute origine religieuse ou sociale confondue, pour qu'ils apprennent à se connaître.
Ils veulent les accompagner bien au-delà du foot pour qu’ils "réussissent" leur vie.
Nasser Hamici y travaille depuis 30 ans. C'est là qu'il a commencé à jouer au foot à 9 ans, alors qu'il arrivait d’Algérie sans savoir un mot de français.
Ainsi, il a pu apprendre sa nouvelle langue et a rencontré ses meilleurs copains.
L'éducateur en est convaincu :
Le foot est une base d’éducation. Nous sommes là avec le foot pour qu’ils restent dans le droit chemin.
A Bobigny, l’Etoile Football Club a failli disparaître et c’est grâce à une mécène américaine qu'il survit.
Pour les dirigeants de ce club, le foot n’est qu’un prétexte pour encadrer, sociabiliser, éduquer, réunir.
Le trésorier affirme :
quand on a le sentiment de vivre enclavé, le football est l’un des premiers moyens de voyager pour ces gamins.
"Banlieusards", bientôt un film sur le rôle des « grands frères »
Le rappeur Kery James a co-réalisé son premier film "Banlieusards ".
Il raconte l’histoire d’un gamin partagé entre deux grands frères aux parcours opposés.
Le tournage a commencé à Champigny-sur-Marne, dans le quartier du Bois l’Abbé et l’équipe a recruté de nombreux figurants dans le quartier cet été.
Pour la petite histoire, Charles Aznavour soutenait le rappeur tant dans ses textes que dans sa musique.
"Banlieusards" la chanson
"Banlieusards", c'est aussi le nom de sa chanson sorti en 2008.Ecoutez... Jusqu'au bout, ça vaut vraiment le coup !