A l’occasion du premier anniversaire du confinement, France 3 Paris Île-de-France revient toute la semaine sur cette année qui a bouleversé nos quotidiens. Certains franciliens ont fait le choix de quitter la région. Un an après sont-ils contents de leur choix ? Nous leur avons posé la question.
C’était il y a un an. Face à la montée en puissance de l’épidémie de Covid-19, le président Emmanuel Macron décrétait le 16 mars 2020 la mise en place du confinement. C’était alors une période unique dans l’histoire du pays, une période où on allait tout simplement… s’arrêter. Le pays semblait alors en état de siège. Un terme martial qui va d’ailleurs de pair avec le ton employé par le chef de l’État : "Nous sommes en guerre", avait-il dit.
En Île-de-France la population déserte les rues et les places. Tout est fermé à l’exception des commerces jugés de première nécessité. La population est invitée à rester chez elle. Débutent alors le télétravail, l'école à la maison, les attestations de sortie, la recherche de gel hydroalcoolique, la fabrication de masque… des notions dont les Franciliens n’étaient pas si coutumiers, et qui rythment aujourd’hui notre quotidien.
Se confiner ailleurs
Selon une étude menée en mai (au sortir du premier confinement) par la plateforme "Paris, je te quitte" – dédiée aux Franciliens souhaitant quitter la région pour s’installer ailleurs – 78% des franciliens se sont confinés en Île-de-France. 69% d’entre eux l’on fait dans un appartement, seul, en famille, ou avec enfant(s). 22% ont donc choisi de fuir la région et se réfugier en province (généralement chez des amis ou de la famille). Ce sont eux que l’on apercevait dans les gares parisiennes en attendant que le confinement entre en vigueur.
Mais certains habitants de la région sont allés plus loin et ont vu pendant ou après le confinement l’occasion de s’offrir une nouvelle vie, loin de la capitale et plus largement de l’Île-de-France. Une sorte d’exode urbain. Envie de plus d’espace ? D’un plus proche contact avec la nature ? D’un allègement financier au niveau immobilier ? Ou tout simplement changer de vie ? Tous les motifs sont envisageables.
"Le coup de pied qui nous manquait"
Selon l’étude citée plus haut, 54 % des interrogés se sont dit prêts à partir "dès que possible" de la région, contre 38 % avant le confinement. Johanna est l’une de ces parisiennes ayant quitté la capitale. A l'issue du premier confinement, elle, son mari et leurs enfants (dont l'un souffre de handicap) ont saisi l’occasion afin de s’offrir une nouvelle vie, hors de l’Île-de-France.
C’est sur la Normandie que leur choix s’est porté, et plus précisément dans une commune aux abords de Deauville, à 1h30 en voiture de Paris. "Nous avions une résidence secondaire en Normandie dans laquelle nous sommes allés nous confiner (…) Et en fin de compte, ce qui était parti pour être une installation le temps du confinement s’est transformé en déménagement", confie-t-elle à France 3 Île-de-France. "Avec mon mari, nous pensions à quitter Paris depuis quelques années déjà. Le confinement a été le coup de pied qui nous manquait pour le faire", ajoute-t-elle, précisant qu’elle et son mari ont réorienté leurs carrières professionnelles. Elle travaillait dans la mode et le luxe depuis dix ans, s'est orientée désormais dans le secteur du "bien-être". Son mari de son côté a gardé son travail, dans le domaine de la concièrgerie immobilière.
Quand on est revenu à Paris on s’est rendu compte à quel point c’était insupportable et que c’était le moment de partir
"Quitter Paris était dans nos projets depuis un moment. On a eu la chance d’être confinés ailleurs. Et quand on est revenu à Paris on s’est rendu compte à quel point c’était insupportable et que c’était le moment de partir", révèle de son côté Sophie, journaliste, qui avec son mari et ses enfants a quitté son appartement parisien pour une maison avec jardin à Tours durant l’été. Le couple n'a par ailleurs "pas du tout" eu besoin de réorienter leurs carrières.
"Rythme différent"
Post-confinement, les franciliens souhaitent avant tout quitter Paris pour un environnement moins stressant et plus proche de la nature (59%). Ils recherchent une vie plus simple en phase avec leurs valeurs (57%). L’étude nous indique enfin que le confinement a été une période de prise de recul et l’occasion de faire le point sur sa vie (56%).
"Nous cherchions surtout un rythme de vie différent, avec un environnement sans voitures qui circulent dans tous les sens, sans bruit tout le temps et sans niveau de stress aussi intense que celui de Paris", explique Sophie. "La vie de Paris, le métro, le travail… on n’en pouvait plus", confirme de son côté Johanna.
Revenir vivre à paris ? C’est inenvisageable à moyen terme
Dans les deux cas, aucun regret n’est à signaler. "Nous n’avons aucun regret, ni moi, ni ma famille, ni mes enfants (…) on savait qu'on ne serait pas seuls parce que nous avons des amis de Paris qui viennent souvent en Normandie (...) Entre mars et septembre, on était à la plage tous les jours", martèle Johanna, se demandant, à chaque fois qu’elle revient dans la capitale (une fois par mois) : "comment est-ce possible qu’on ait réussi à vivre ici ?". "Revenir vivre à paris ? C’est inenvisageable à moyen terme", répond Sophie sans hésiter. "Si demain je dis à mes enfants qu'on retourne à Paris, ils vont me dire non", ajoute-t-elle.
Quelques remarques néanmoins. Johanna estime que la Normandie n'a pas les mêmes niveaux que Paris, surtout "au niveau médical et éducatif". "Quand on était à Paris, l'un de mes enfants était suivi à l'hôpital Necker et il n'y a pas mieux (...) et en ce qui concerne les écoles, il n'y a pas autant de choix qu'on pourrait en avoir à Paris, ni la qualité d'enseignement qu'il y a à Paris", confie-t-elle.
Il n'empêche, le premier confinement n'a pas eu que des inconvénients. Il aura été bénéfique pour beaucoup. Le déclic qui allait permettre à de nombreuses de familles de refaire leur vie loin de la capitale, loin de l’Île-de-France.