Depuis le début de l’épidémie, douze personnes ont été infectées par le Covid-19 dans un foyer Adoma de travailleurs immigrés aux Ulis. Deux résidents, âgés respectivement de 76 et 78 ans sont décédés à l’hôpital.
Le foyer Adoma, aux Ulis, héberge 325 personnes, des travailleurs immigrés ou des demandeurs d’asile. Début avril, deux résidents, "des chibanis" de 76 et 78 ans, sont décédés à l’hôpital du Covid-19.
"Nous avons été touchés dès le début du pic épidémique. A notre demande, l’ARS, l'Agence Régionale de Santé, est venue le 29 avril et 15 mai faire des dépistages de façon ciblée, stratégie proposée par l’agence sanitaire, pour retrouver des cas contacts", nous explique Christophe Roussel, directeur territorial d'Adoma Essonne. "A ce jour, deux résidents sont toujours hospitalisés, deux autres sont guéris après leur hospitalisation et ne sont plus contagieux. Six autres ont été détectés positif et sont asymptomatiques. Ces 6 cas ont été orientés dans des centres covid, des hôtels réquisitionnés pour les isoler du reste du foyer et cela dans les 24 heures", précise t-il.
Une vidéo dénonce les conditions de vie au foyer
Nicole Paraire, membre de l’Asti (Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s), connaît très bien les lieux, elle accompagne les résidents depuis l’ouverture du foyer. L’association y tient une permanence Dalo pour le relogement, l'aide à l’alphabétisation et anime également une permanence juridique. "Les chambres font 7 m2, il y a une cuisine par étage pour 36 personnes, 6 douches et 6 toilettes pour 36 personnes. Le tout est dans un état lamentable de délabrement et de saleté invraisemblable. Sous certains éviers, il n’y a pas de syphon, l'eau coule. Des robinets ne marchent plus", dénonce t-elle. Et de poursuivre : "La distanciation sociale est impossible, le foyer est surpeuplé".
Insalubrité, chambres de 7m2, surpopulation... Dans une vidéo, l'association Asti dénonce des conditions de vie "inimaginables" dans le foyer et qui pourraient être à l’origine de la propagation du virus. Christophe Roussel reconnaît qu’une partie du bâtiment est délabrée et que des travaux ont été interrompus en raison du confinement.Face à cette situation, Adoma affirme tout faire pour limiter la propagation du virus. "On est très présent sur le foyer. Six collaborateurs d’Adoma sont à demeure. Nous faisons beaucoup de pédagogie et de sensibilisation. La mairie et nous même avons distribué des masques. Les couloirs ont un sens de circulation, les cages d’escaliers sont très vastes. Nous avions un vrai point d’inquiétude, les cuisines. On a demandé qu’il y ait un roulement et qu’il n’y ait pas plus de cinq personnes en même temps. Au début cela a été dur à mettre en œuvre. Les résidents ne se sentaient pas en danger. Mais à force de pédagogie, les consignes ont été respectées", explique Christophe Roussel. "Tous les matins de 8 heures à midi, le foyer est nettoyé entièrement. Une équipe de prestataires vient sur le foyer et diffuse du bactéricide sur tout ce qui peut être touché par les mains, rampe d’escalier, poignées, interrupteurs", ajoute-t-il.Nous mettons tout en œuvre pour limiter la propagation du virus
Pas d'inquiétudes à la mairie des Ulis
Côté mairie, Françoise Marhuenda, la maire des Ulis dit regretter cette situation. "Adoma fait tout ce qu’il faut faire, je n’ai pas de crainte pour la ville. Je suis très vigilante mais pas inquiète".Face à la suroccupation de ce foyer, elle souhaite que le bâtiment, datant des années 70, soit démoli et qu'un plus petit foyer soit reconstruit. "Depuis 2004, on se bat pour trouver une autre commune pour reconstruire la moitié de ce foyer. Nous en garderions que l'autre moitié mais aucune commune ne lève le doigt pour accueillir un foyer", s’insurge t-elle.
Christophe Roussel d’Adoma se veut rassurant, "l’Ars et le préfet estiment qu'il n’y pas de pic épidémique dans le foyer Adoma. Si l'on fait le rapport nombre le personnes infectées et le nombre de résidents, les chiffres de personnes contaminées ne sont pas alarmants par rapport à la moyenne nationale", confie t-il.
2 cas de Covid-19 dans une communauté religieuse en Seine-et-Marne
Deux cas de Covid-19 ont été détectés à la Fraternité de Marie Reine immaculée à Bois-le-Roi (Seine-et-Marne) qui indique sur son site internet que sa chapelle et son oratoire ont été fermés juqu’au 26 mai à la demande de l’ARS.Contactée, l'Agence régionale de santé n'a pas répondu à notre demande d'interview.