Huit fois, Raymond Poulidor, qui est décédé mercredi, est monté sur le podium du Tour de France. Sans jamais accéder à la plus haute marche, le mythique "Poupou", a marqué plusieurs générations et laisse derrière lui une popularité incroyable.
Le cycliste limousin, qui a couru à 14 reprises la Grande Boucle, n'a même jamais porté le maillot jaune de leader. Il s'en est pourtant approché souvent mais il a toujours buté sur un adversaire, prestigieux (Anquetil, Gimondi, Merckx) ou pas.
Dans le Tour 1967, qui marque l'introduction du prologue (un contre-la-montre individuel en guise de première étape), "Poupou" passe tout près. Longtemps meilleur temps sur le circuit d'Angers, il est finalement devancé de 6 secondes par un Espagnol peu connu, José Maria Errandonea, qui allait abandonner la course avant la fin de la première semaine.
► Devancé de moins d'1''
Six ans plus tard, c'est pour moins d'une seconde que le Limousin voit le maillot jaune lui filer sous le nez. A Scheveningen, près de la Haye, c'est son futur coéquipier, le Néerlandais Joop Zoetemelk, qui le bat de 80 centièmes de seconde.
Son surnom de "Poupou" lui est donné sur le Tour de France de 1962
La légende de l'éternel malchanceux n'avait pas besoin de ce dernier coup du sort. Elle s'était enrichie d'elle-même au fil de ses échecs dans la Grande Boucle, dans laquelle "Poupou" n'aura pu mettre à profit l'inter règne entre la fin de l'époque Anquetil et le début de l'ère Merckx.
Piégé par Lucien Aimar sur les conseils de Raphaël Géminiani en 1966, il essuie une défaillance dans le Ballon d'Alsace, pour avoir oublié de s'alimenter, et se transforme dès lors en équipier au service de Roger Pingeon. En 1968, c'est un motard de la course qui provoque sa chute dans l'étape d'Albi alors que tout le désigne pour la victoire. Le visage en sang (double fracture de l'os frontal), il abandonne deux jours plus tard. Poulidor, qui avait couru son premier Tour avec une main enserrée dans un bandage réalisé à partir de laine de verre stratifiée, avait fini par se résigner. Au point d'avouer un jour: "Ma chance, ce fut d'avoir de la malchance !"