A l’occasion des prochaines élections régionales, onze candidats sont en lice pour le fauteuil de président de région. France 3 Paris Ile-de-France vous dresse leurs portraits et les grandes lignes de leurs programmes pour les Franciliens.
Valérie Pécresse (Libres !), Julien Bayou (EELV), Audrey Pulvar (PS), Jordan Bardella (RN), Laurent Saint-Martin (LREM), Clémentine Autain (FI) et Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière). Ce sont sept des onze candidats à la présidence de la région Île-de-France, dont les élections se dérouleront les 20 et 27 juin prochain. Valérie Pécresse est candidate à sa propre réélection. Les autres ont pour objectif de la détrôner.
France 3 Paris Île-de-France vous présente les candidats au fauteuil de président de région et les grandes lignes de leurs programmes respectifs pour les Franciliens.
Valérie Pécresse (Libres !)
Elle a fait basculer la région à droite il y a six ans, en 2015, en succédant à Jean-Paul Huchon (PS). Valérie Pécresse agit aujourd’hui sous l’étiquette de Libres ! Elle dit vouloir une "Île-de-France rassemblée". Pour y parvenir, la présidente-candidate mise sur un programme basé sur la sécurité, l’écologie, le social, l’éducation et les transports. Voici ce qu’il faut en retenir.
Commençons par les transports. Valérie Pécresse souhaite mettre en place une série de voies cyclables à travers la région afin de créer un "RER Vélo". Sur les 680 kilomètres de pistes cyclables présentes en Île-de-France, la moitié a été cofinancée par la région. Couplée avec le thème de la sécurité, la candidate entend parachever dès décembre 2021 la "police régionale des transports". Ainsi, les forces de la RATP, de la SNCF et de la Police Nationale seront toutes réunies dans le même centre de commandement au sein de la Préfecture de Police.
Côté santé, la présidente candidate souhaite mettre en place une mutuelle "régionale". Le principe : "la région met en concurrence les mutuelles pour faire baisser les prix". Cela ne s’adresse pas aux fonctionnaires ni aux salariés, qui prennent la mutuelle de leur employeur. Elle s’adresse à ceux "qui ne peuvent pas négocier les prix de leur mutuelle : les étudiants, les retraités, les demandeurs d’emplois ou les travailleurs indépendants", précise l’élue qui estime une baisse des prix entre "20 et 30%" grâce à ce mécanisme. Autre priorité : l’éducation, passant notamment par la rénovation des lycées, dont la région à la charge.
"Soyez fiers d'être des amateurs" leur a dit Macron.
— Valérie Pécresse 2021 ? (@avecValerie) May 16, 2021
Le candidat LREM en Ile-de-France propose un budget lycées de 4 milliards € et la création de 15.000 nouvelles places... sauf que @vpecresse a déjà fait voter un budget de 6 milliards et 30.600 nouvelles places ! #AvecValérie pic.twitter.com/7CByu7Qq8a
Parmi les thèmes phares du projet régional de la présidente : l’écologie. À croire qu’elle se veut plus "verte que les Verts". Valérie Pécresse propose une prime de 6000 euros pour tout achat d'un véhicule électrique. Une action ciblée autour de la lutte contre la pollution de l’air dans les écoles, dans le métro et aussi des actions pour réduire la pollution sonore. Enfin, son programme contient un objectif de 100% des lycées approvisionnés en bio ou local et 25% des terres agricoles converties à l’agriculture biologique. "L’écologie, il y a ceux qui en parlent et ceux qui en font", dit-elle, taclant au passage ses rivaux du PS, du Front de gauche et des Verts.
Julien Bayou (EELV)
Le candidat écologiste veut, sans surprise, mettre l’environnement au cœur de son projet pour la région. D’abord dans les transports. Julien Bayou souhaite investir dans les transports du quotidien plutôt que dans les projets qui "ne servent pas à grand-chose, comme le terminal 4 ou le Charles-de-Gaulle Express", nous confie-t-il. Il veut également encourager la pratique du vélo et mettre en place un grand réseau de 1700 km de voies cyclables protégées – isolées du trafic routier.
Côté alimentation, le candidat souhaite donner la priorité aux produits bios et locaux, développer les circuits courts dans les cantines des lycées afin de permettre également une meilleure rémunération des agriculteurs. "C’est possible, c’est souhaitable, c’est nécessaire. C’est le rôle de la Région de générer cette transition", nous explique Julien Bayou. "Quand un agriculteur contractualise avec un lycée, c’est un carnet de commande assuré pour lui et une capacité de s’émanciper des banques (…) c’est bon pour les agriculteurs, pour la santé des enfants et pour le climat", précise-t-il. Toujours sur l'écologie, le candidat a affirmé que la transition écologique qu'il souhaite mettre en place dans la région créera 200 000 emplois.
Autre point phare du programme de M. Bayou : l'éducation, et en particulier les lycées, dont la région a la charge. Il propose un investissement d'un millard d'euros par an pendant cinq ans dans les lycées, une meilleure isolation des bâtiments, la création de sanitaires confortables et écologiques, et de passer du béton aux matériaux biosourcés.
Audrey Pulvar (PS)
L’écologie, c’est aussi l’un des gros points du programme d’Audrey Pulvar. L’ancienne journaliste, entrée en politique, incarne l’espoir du PS de reconquérir la région. Elle est actuellement adjointe à la maire de Paris Anne Hidalgo. Cette dernière lui a apporté son soutien.
Le volet écologiste de son programme passe notamment par la mise en place d’une fiscalité écologique régionale – via une écotaxe – sur les transports les plus polluants (comme les poids lourds), sur l’e-commerce et les fortunes immobilières. Le but est également d’amener les Franciliens à abandonner leurs voitures. C’est une "question de transformation de nos modes de vie vis-à-vis du défi climatique (…) il faut vraiment se poser la question de ce qu’on change dans nos vies", explique-t-elle.
Mais le gros point de son programme concerne les transports dans la région : leur gratuité. Elle serait mise en place progressivement à partir de septembre 2021. En priorité pour les moins de 18 ans, les étudiants de 18 à 25 ans et les demandeurs d’emploi en Île-de-France. Cette mesure coûterait entre deux et trois milliards d’euros chaque année. C’est une "mesure de justice sociale et de pouvoir d’achat pour les plus modestes", avait-elle affirmé chez nos confrères de RMC-BFM TV vendredi 7 mai. Toujours concernant les transports, Audrey Pulvar souhaite mettre en œuvre une amélioration du réseau, notamment ferroviaire avec l’aménagement de nouvelles gares à travers la poursuite du projet du "Grand Paris".
Pourquoi nous soutenons la #GratuiteDesTransports en commun. @Anne_Hidalgo, @AudreyPulvar , @MDelafosse, @StephanTroussel @P_Vergriete : notre tribune, dans @leJDD . #PouvoirDAchat #JusticeSociale #Environnement @idf_encommun https://t.co/AJwM3PtDXJ pic.twitter.com/TgFURE2zqB
— Audrey PULVAR (@AudreyPulvar) April 11, 2021
Enfin, la sécurité. Tout comme la maire de Paris, elle se dit défavorable à l’armement de la police municipale dans la région. La candidate socialiste dit rester "à l’écoute des élus de la région". La police municipale sera notamment déployée pour tout ce qui relève des incivilités du quotidien. L’adjointe à la cheffe de l’hôtel de Ville propose également un renforcement de la vidéo protection déployée dans tous les lieux de potentiels rassemblements ainsi que la mise en place d’un système de prévention de la violence, notamment via les réseaux sociaux. Celle-ci a marqué les esprits des Franciliens, surtout ces derniers mois avec la multiplication des phénomènes de rixes dans la région.
Laurent Saint-Martin (LREM)
Actuel député du Val-de-Marne et rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, Laurent Saint-Martin est le candidat de la majorité présidentielle et se désigne à notre micro comme le "candidat des solutions". Selon lui, "l’Île-de-France est à la fois la région la plus jeune de France, la plus riche et la plus inégalitaire", avant d'ajouter que "ce triptyque doit nous guider".
Parmi ses mesures phares pour l’Île-de-France, la mise en place d’un fonds d’investissement pour relancer l’économie régionale. Celui-ci "investira directement dans des entreprises qui ont des potentiels de développement et qui seront porteurs de projets d’avenir", nous explique le candidat. Cela concerne les projets de santé, de transition environnementale…"tout ce qui serait utile au quotidien des Franciliens pour demain", ajoute-t-il. La région ferait alors appel à l’épargne des Franciliens tout en participant pour garantir les placements effectués. En d’autres termes, si un Francilien met 100€ sur la table, la région met la même somme pour le même projet "pour avoir l’investissement sécurisé". "La seule chose qu’on demande, pour comprendre que cet investissement est dans le temps, c’est qu’il soit bloqué pendant cinq ans", poursuit Laurent Saint-Martin.
L’autre point fort de son programme : la sécurité, et plus particulièrement dans les transports. Le député souhaite la création d’une police régionale dans les transports, en plus des agents de sécurité RATP et SNCF, mais aussi des policiers nationaux et municipaux. L’idée est de renforcer la présence physique de forces de l’ordre dans les transports. Il faut que la région "prenne enfin ses responsabilités en coordonnant avec la préfecture de police, l’ensemble des forces de sécurité présentes". "Nous avons besoin de renforcer les effectifs et de coordination", explique-t-il.
?« Il faut répondre rapidement au fléau qu’est l’insécurité » pour donner envie aux Franciliens de revenir dans les transports en commun.
— Laurent Saint-Martin (@LauStmartin) May 14, 2021
« Je souhaite créer au sein de @IDFmobilites une véritable force de #police régionale ».
Mes propositions #transports ⤵️ pic.twitter.com/rWwiVwRvyM
La jeunesse est également très présente dans le programme du candidat. Dans un entretien au Journal du dimanche (JDD), Laurent Saint-Martin souhaite expérimenter sur quelques mois un "revenu d'urgence" de 500 euros par mois pour les jeunes franciliens non-scolarisés, au chômage ou sans formation âgés de 16 à 25 ans. Il précise toutefois ne pas voir cela comme un RSA pour les jeunes mais plutôt comme "un soutien très temporaire à un moment de la vie, le temps de rebondir", précise-t-il au JDD.
Jordan Bardella (RN)
Le vice-président du Rassemblement national n’avance pas en terrain conquis. L’Île-de-France n’est pas le lieu de prédilection du parti. Mais le député européen tient bon. Car un bon score du RN dans la région serait un tremplin de taille en vue de la présidentielle de 2022.
Jordan Bardella met en avant son principal thème de campagne dans son slogan : "Le choix de la sécurité". Il propose une multiplication des investissements dans le matériel alloué aux différentes polices, dans la vidéosurveillance. Mais c’est surtout dans les transports qu’il axe sa campagne en proposant de doter chacune des gares et des stations de métro de la région – au nombre de 800 – de deux agents de sécurité armés en permanence "qui permet d’assurer la sécurité et la tranquillité des voyageurs", mais aussi de "lutter contre la fraude", nous confie-t-il. Le candidat propose également de donner la priorité à "la rénovation" des lignes existantes "avant de se lancer dans des projets démiurgiques", a-t-il dit dans une interview au Parisien.
"Nous souhaitons, par une incitation fiscale, rééquilibrer l'activité économique au sein de la région"
Côté éducation, Jordan Bardella souhaite développer les formations d’apprentissage "surtout dans une période où les jeunes sont frappés par l’impossibilité de trouver des jobs d’été ou des stages" du fait de la crise sanitaire, explique-t-il.
Le vice-président du RN souhaite enfin proposer un rééquilibrage entre le cœur de l'Ile-de-France, Paris et la grande couronne : une "démétropolisation": "Nous souhaitons, par une incitation fiscale, rééquilibrer l'activité économique au sein de la région".
Clémentine Autain (LFI et PCF)
Pour la candidate de la France insoumise et députée de Seine-Saint-Denis – soutenue par le Parti communiste – c’est avant tout la question sociale et écologique qui prime. Clémentine Autain propose un "rééquilibrage" et un "choc de solidarité" en vue d’une égalité entre tous les territoires de la région. Il s’agit notamment de ne plus faire du boulevard périphérique une frontière "mais un trait-d’union". Selon elle, "l'égalité entre les territoires devrait être au cœur de la campagne, puisque l'Île-de-France est à la fois la région la plus riche du pays et celle où il y a le plus d'inégalités".
Son objectif est également de réduire les inégalités socio-économiques dans la région par la mise en place "dès juillet" de toute une série de "mesures d’urgence sociale et économique [...] articulées autour d'investissements censés changer le modèle de développement de l’Ile-de-France". Cela s’accompagne également du développement des services publics dans les campagnes comme les quartiers populaires. La candidate prône également la fin des aides économiques de la région "à des grandes entreprises qui font des profits tout en licenciant massivement" et aiderait "avec l'argent récupéré (...) les commerces de proximité, artisans, entreprises sur la base de critères sociaux et environnementaux".
L’autre élément phare de son programme concerne les transports. L’élue veut "arrêter le mouvement de privatisations récemment enclenché et rendre les investissements prioritaires", en faveur du RER B plutôt que pour le CDG Express par exemple. Comme son adversaire du PS Audrey Pulvar, elle mise également sur une gratuité des transports, mais "par phases", d'abord pour les moins de 18 ans, et ce, "afin de ne pas pénaliser la rénovation et le développement des infrastructures". Et tout comme son autre adversaire écologiste, elle souhaite développer l’usage du vélo dans la région.
Côté santé, Clémentine Autain mise sur la lutte contre les déserts médicaux. Cela passe par l’implantation de 500 centres de santé supplémentaires dans la région. Dans son livre "Pouvoir vivre en Ile-de-France", paru le 6 mai aux éditions Le Seuil, Clémentine Autain explique vouloir mettre à disposition la cantine gratuite pour les lycéens. Cette mesure pourrait s'appliquer dès septembre pour les quatre premières tranches du quotient familial. Elle coûterait entre 12 et 19 millions d’euros. La candidate propose également des "bons d’achat écologiques et solidaires" visant à "impulser de nouvelles pratiques plus vertueuses" et soutenir les commerçants locaux.
Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière)
Faire entendre les intérêts des travailleurs - ces "premiers de corvée", comme elle les a désignés sur franceinfo début avril - tel est le but de la porte-parole de Lutte Ouvrière en tant que présidente de la région Île-de-France si elle était élue. C’est avant tout un "programme de lutte".
D’abord de lutte contre le chômage. "Il faut répartir le travail entre tous sans diminution de salaire", explique le programme du parti dans l’onglet consacré aux élections régionales en Île-de-France. Contre la pauvreté, il faut "augmenter les salaires, les retraites et les allocations, et les garantir en les indexant sur le coût de la vie". Et enfin, contre la "domination capitaliste, contre la loi du profit et ses conséquences désastreuses", il faut que "les travailleurs imposent leur contrôle sur les entreprises et sur toute l’économie".
Victor Pailhac (REV)
Quatre autres personnalités (en plus des sept précédemment citées) se sont déclarées candidats à la présidence de la région. Elles sont un peu moins connues par le grand public mais ont des projets ambitieux pour la région. Le premier candidat est issu de la Révolution écologique pour le vivant (REV), un parti créé par le journaliste Aymeric Caron. En Île-de-France, c’est Victor Pailhac qui est tête de la liste "Oser l’écologie". Tout juste âgé de 19 ans, ce jeune étudiant en philosophie s’était présenté aux municipales de 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) déjà sous les couleurs de REV.
Pour les régionales, le candidat prône une écologie "plus radicale" qui n’est "plus mathématique (…) mais une écologie des individus", explique-t-il. Mettant en avant la précarité "surtout étudiante" en Île-de-France, il opte pour une nouvelle organisation des rapports sociaux. La liste "Oser l’écologie" sera "la voix de toutes celles et ceux qui ne pourront pas s’exprimer (…) des animaux, de la nature, (…) des étudiants", a expliqué M. Pailhac.
Fabiola Conti (Volt)
Déjà candidate aux élections municipales dans le IXème arrondissement de Paris, Fabiola Conti est tête de liste pour les régionales en Île-de-France sous la banière du parti européen Volt.
Les principales mesures pour la région concentrées autour de trois thèmes visant à faire de l’Île-de-France une région "plus européenne", "plus démocratique" et "plus durable".
Éric Berlingen (UDMF)
Éric Berlingen est le porte-parole du mouvement de l’Union des démocrates musulmans de France (UDMF). Il est tête de la liste "Agir pour ne plus subir en Île-de-France" pour les élections régionales.
L’ambition du mouvement : faire "le pari de la solidarité et de l’entrepreneuriat social pour une région innovante et durable", peut-on lire sur le site du mouvement.
Lionel Brot (France démocratie directe)
Lionel Brot, mène une liste portant le nom de "France Démocratie directe, la liste de Lionel Brot". Il fait partie des candidats "citoyens" qui militent souvent pour une démocratie directe. Interrogé par nos confrères de RMC, il a indiqué qu'il était Parisien. Il a participé à plusieurs actions des Gilets jaunes mais il ne revendique pas l'étiquette "Gilet jaune" qui, dit-il, est un peu "réductrice". Il défend l'idée que "chacun d'entre nous a la capacité d'être décideur de sa propre vie". Il pense que "le citoyen doit reprendre le contrôle de la situation" car il estime que les décisions qui sont prises aujourd'hui sont "opaques et incompréhensibles" citant par exemple le port du masque, les fermetures des magasins ou encore le démantèlement des entreprises.
Lionel Brot a des propositions pour améliorer la vie des citoyens. Il souhaite par exemple "planter des fruitiers" pour que les personnes vivant dans la rue puissent se nourrir. Il veut lutter contre la "bétonisation" de Saclay et de Gonesse, "remettre en place le maraîchage en Ile-de-France" ou encore "promouvoir les coopératives agricoles".
Absence d'Alexis Villepelet
Les onze candidats présentés auraient en réalité dû être douze. Mais le candidat du parti "Debout la France", Alexis Villepelet, ne sera finalement pas de la partie. "Les listes de Debout La France aux élections régionales étant autofinancées par les candidats, ces derniers ont estimé en Île-de-France qu’ils ne pouvaient pas assumer le surcoût très important entraîné par le contexte sanitaire", a expliqué dans un communiqué le secrétaire général du parti, Pierre-Jean Robinot.