Emmaüs appelle à retourner dans ses espaces de vente et poursuivre les dons

Durement frappé par la crise sanitaire, Emmaüs invite les Franciliens à revenir déposer et acheter des produits dans ses centres. Le mouvement renouvelle aussi son appel aux dons, alors que de nombreuses communautés jouent leur survie suite au confinement.

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La crise sanitaire est aussi synonyme de crise sociale. Durement touché par la fermeture au public de ses structures ces deux derniers mois, Emmaüs appelle le public à revenir dans ses espaces de vente. "Le confinement est terminé, mais la reprise d’activité se fait de manière partielle et progressive, explique Valérie Fayard, directrice adjointe d'Emmaüs France. Les centres rouvrent à des rythmes différents, selon les capacités de mise en place des mesures sanitaires, mais on appelle les citoyens à revenir nous voir pour acheter des produits. La dimension économique est fondamentale, mais c’est aussi important pour les compagnons, il y a une dimension sociale pour renouer le lien."

Il faut réenclencher notre chaîne du don

Meubles, équipements divers… Valérie Fayard invite aussi à revenir apporter des "produits réutilisables et de bonne qualité". "Il faut réenclencher notre chaîne du don, détaille-t-elle. Ces produits sont ensuite revendus, ou redonnés via des dispositifs solidaires. En achetant dans nos centres, on a d’ailleurs un double impact social et environnemental. On permet d’un côté de donner une deuxième chance aux femmes et aux hommes qu’on accueille. De l’autre, on redonne une deuxième vie à des produits qui auraient pu terminer à la poubelle, et on contribue à préserver la nature. On participe aussi à l’économie circulaire, plus vertueuse qu’un modèle linéaire. La crise actuelle est aussi le signe que ce système est à bout de souffle."

La directrice adjointe souligne qu’acheter ou revendre constituent des "petits gestes simples, notamment quand on n’a pas forcément le temps de s’engager directement". Au-delà des réouvertures, Emmaüs renouvelle son appel aux dons, après avoir lancé en urgence une campagne inédite depuis la création du mouvement par l'abbé Pierre il y a 70 ans. Initiée au cours du confinement, la collecte vise à ne "pas laisser les plus fragiles retourner seuls et sans ressources à la rue". Le mouvement qui s’appuie sur le réemploi et la récupération afin de financer l’hébergement et la réinsertion de personnes en situation de grande pauvreté, représente en Île-de-France 43 espaces de vente solidaire, 32 structures de l’action sociale, 63 centres d’hébergements, 14 500 logements sociaux, 586 compagnes et compagnons, 1488 bénévoles et environ 1380 salariés. Un ensemble désormais mis en danger.

Emmaüs poursuit sa campagne et défend son modèle basé sur l’autonomie

"On a activé les aides et les dispositifs d’activité partielle quand on le pouvait dans les centres de réinsertion, mais il y a très peu de salariés dans les communautés, raconte Valérie Fayard. Les compagnons sont des travailleurs solidaires. Et à part peut-être le fuel pour les camions, on a dû continuer à faire face à l’intégralité des charges pour nourrir ou loger ces personnes." La crise sanitaire a en fait soudainement fait vaciller le système d’Emmaüs, basé sur l’autonomie.

La crise a complètement grippé la machine

"C’est un modèle assez original qui date des années 1950, précise la directrice adjointe. On permet à des gens en grande précarité, souvent à la rue, de regagner en dignité et en autonomie à travers le travail. Mis à part un peu de subventions dans de rares cas, tout est financé par les chiffres d’affaires générés par les ventes. Ce système autoporté nous permet entre autres d’accueillir librement qui on veut. Mais on n’aurait pas pu imaginer que pendant deux mois, tout s’arrête. Nous ne fonctionnons pas comme des entreprises capitalistes. Certaines communautés peuvent mettre un peu d’argent de côté, mais d’autres n’ont pas de trésorerie d’avance. Donc la crise a complètement grippé la machine. Il faut agir vite, car certaines structures risquent de mourir, et ça serait insupportable pour nous."D’où la collecte, pour aider les communautés les plus touchées, qui jouent encore leur survie. "Les Franciliens et les Français ont répondu à l’appel et la moyenne de don est plutôt élevée, explique Valérie Fayard. On est ému quand on voit qu’autant de gens sont sensibles à notre cause. Certains glissent même des messages avec leur chèque, espérant que la somme soit arrivée à temps." Pour autant, le mouvement dit avoir encore besoin de cette générosité, comme alerte la directrice adjointe : "La campagne se poursuit, parce que le danger est loin d’être écarté. On continue à évaluer les besoins des différentes communautés, en prenant en compte toutes les hypothèses pour la reprise d’activité."

De nombreuses personnes vont venir taper à la porte d’Emmaüs

Pour soutenir la collecte, il est possible de participer en ligne (juste ici) mais aussi par courrier, auprès de la communauté de son choix. Pour ce qui est des points de vente et de collecte – rouverts sur des créneaux spécifiques, l’ensemble des adresses est disponible sur le site francilien d’Emmaüs. Valérie Fayard, qui rappelle que "la crise sociale est devant nous", prévoit par ailleurs que "de nombreuses personnes vont venir taper à la porte" du mouvement ces prochains mois.
 
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