Jour J pour les soldes d'hiver. Une date tant attendue. Et pourtant certaines enseignes ont décidé de ne pas faire de démarque sur leurs marchandises. Nouveau modèle économique, refus de la surconsommation ou simple stratégie marketing ? Des commerçants nous expliquent leur choix.
Dans cette boutique de décoration à Meudon dans les Hauts-de-Seine, pas d’étiquette proposant des rabais. Le magasin Zinzolines a ouvert le 8 décembre dernier et propose des articles de déco ou des accessoires de mode fabriqués par des artisans ou des artistes locaux. "La grande distribution produit en Asie de grandes quantités. Cela génère des stocks qu’il faut écouler. Nous, notre démarche est à l’opposé, nos productions sont dans l’ensemble locales. Certaines sont fabriquées à la demande. Cela ne génère pas de stocks", détaille Corinne Vaillant, co-fondatrice de Zinzolines.
Les soldes sont nées avec le développement des Grands magasins à la fin du XIXe siècle. Elles permettent d'écouler les invendus, faire de la place pour les collections à venir et générer de la trésorerie. Seul moment où la vente à perte est autorisée. Selon une étude réalisée par YouGov les 7 et 8 janvier, 59% des français comptent faire des achats durant cette période.
Le juste prix
Pour les deux co-fondatrices de Zinzolines, pas question de vendre à perte. Selon l'adage, tout travail mérite salaire. "Nous travaillons avec des fournisseurs que nous connaissons. Nous souhaitons les payer au juste prix. Tout le monde doit être payé et pouvoir vivre de son travail", estime Corinne Vaillant. Selon elle, "les clients sont habitués à payer leur achat à des prix très bas qui ne correspondent ni à la valeur du bien, ni à la valeur du travail effectué par le créateurs", ajoute Corinne Vaillant persuadée qu'en expliquant leur démarche, les clients peuvent comprendre.
Nous répondons à un besoin et nous fabriquons pour répondre à ce besoin
Même démarche responsable pour cet autre commerçant parisien. Stanislas Desmarty est le co-fondateur de la marque Basus qui créé et vend des collections pour homme. L’enseigne a fait le choix de ne plus faire de soldes depuis 2 ans. Ici, pantalons ou chemises sont produits sur mesure et à la demande. "Nous ne faisons pas de soldes parce que nos prix sont justes et donc il n’y a aucune raison que ce prix change. Nous rémunérons correctement toute la chaîne de production", assure Stanislas Desmarty, co-fondateur de la marque Basus et propriétaire de deux magasins à Paris.
Basus se veut pionnière dans la lutte contre la surproduction. "Il y a environ 140 milliards de vêtements qui sont produits dans le monde chaque année. La moitié n’est pas vendue. Elle est donc produite pour rien. Nous réfléchissons en terme environnemental, de la création jusqu’à la vente du vêtement en passant par la production. Le seul moyen de réduire notre impact sur l’environnement est de produire moins", étaye-t-il.
Basus entend également lutter contre la surconsommation. "Les marques produisent en grande quantité en faisant des économies d’échelle en espérant les vendre à coup de promo ou de ventes privées. Aujourd’hui je pense qu’il faut endiguer cette surconsommation et proposer autre chose : un autre modèle économique", explique Stanislas Desmarty, cofondateur de la marque Basus.
Stratégie de communication, démarche marketing, mode ? Le cofondateur de la marque est convaincu. L’industrie du textile doit relever ce défi. "Nous voulons mettre en place un système plus vertueux dans notre secteur. Nous n'avons aucun doute que les marques devront s’adapter demain" même s'il reconnaît que sa position est quelque peu déconcertante au vue de sa profession. "C’est paradoxal d’expliquer à nos clients qu’il faut moins consommer", sourit-il. "Cela demande de la pédagogie auprès des clients".
La communication n'est pas non plus absente mais pour lui, "le but n’est pas de rester seul dans notre coin. Nous espérons que notre modèle économique sera repris par d’autres et par l’industrie du textile".
Les marques ne pratiquant pas de soldes ou se refusant de particper à des opérations commerciales comme le Black Friday se multiplient aujourd'hui.