L'ex-secrétaire d'État et actuel maire de Draveil (Essonne), Georges Tron, a été acquitté par la cour d'assises de Seine-Saint-Denis. L'avocat général avait requis 6 ans de prison à son encontre et 5 ans d'inéligibilité. Le parquet a fait appel ce mardi 20 novembre.

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Plus de sept ans après le début de l'affaire ayant entraîné sa démission du gouvernement, la cour d'assises a acquitté l'ex-secrétaire d'État Georges Tron, jugé pour les viols de deux anciennes employées municipales.

Brigitte Gruel, son ancienne adjointe à la Culture et jugée dans la même affaire, a elle aussi été acquittée.Le parquet a fait appel de la décision ce mardi 20 novembre.

 

Les accusés clament leur innocence

"J'ai passé sept années extrêmement difficiles. Je pense à ma famille. J'ai conscience que mon sort est entre vos mains. Je suis totalement innocent des faits qui me sont reprochés", avait déclaré l'élu de l'Essonne avant que la cour ne se retire à 9h30. "Je vous redis que je n'ai pas commis les faits, que je suis innocente", a déclaré quant à elle Brigitte Gruel.  

Réquisitions lourdes

L'avocat général a requis mercredi six ans de prison ferme contre Georges Tron, "meneur" selon lui des scènes dénoncées. Quatre ans de prison ont été réclamés contre Brigitte Gruel, "petit soldat".

Le représentant du ministère public a également demandé qu'ils soient déclarés inéligibles pendant cinq ans et inscrits sur le fichier des délinquants sexuels.Le maire de Draveil depuis 1995 et son ex-adjointe, 61 ans tous les deux, affirment que le "ressentiment" d'anciennes employées municipales a été exploité par leurs opposants locaux d'extrême droite.  

Procès exceptionnel par sa durée

Depuis l'ouverture du procès, le 23 octobre, devant les assises de Seine-Saint-Denis, Georges Tron a souvent manifesté son agacement et son désaccord pendant les auditions. Il n'a toutefois jamais semblé se départir de son assurance, saluant chaleureusement les personnes venues le soutenir.

Quatre semaines ont été consacrées à cette affaire - une durée exceptionnelle, trois jours étant généralement consacrés à un dossier de viol - et des dizaines de personnes ont été entendues.

Virginie Ettel et Éva Loubrieu, 41 et 44 ans, accusent Georges Tron et Brigitte Gruel de leur avoir, ensemble, imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010.

Le scandale avait contraint Georges Tron à démissionner le 29 mai 2011 de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique du gouvernement Fillon.
 

"Système Tron"

Au cours des débats, le président de la cour d'assises, Philippe Coirre, a une seule fois mis en garde les accusés: plusieurs témoins ont rapporté qu'il y avait un "climat sexualisé" à la mairie "qui pourrait rendre plausibles les scènes décrites" par les plaignantes.

Georges Tron reconnaît uniquement un "flirt" avec une ex-attachée parlementaire et une relation extraconjugale - toujours en cours - avec son adjointe à l'Urbanisme Sylvie Doncarli.

Pour l'avocat général, l'élu a "abusé de son pouvoir avec ses subordonnées" puis tenté de "politiser une affaire purement sexuelle" en dénonçant un complot.

Ses réquisitions étaient très attendues, le ministère public s'étant jusque-là toujours opposé au renvoi devant les assises de l'élu et de son ex-adjointe. La tenue d'un procès avait finalement été décidée en 2014 par la chambre de l'instruction.

Comme les parties civiles, il a dénoncé un "système Tron", où la pratique par le maire de la réflexologie plantaire servait de "piège" pour toucher les femmes et leur imposer - progressivement - davantage.  

Incohérence des plaignantes

Mercredi, les avocats de la défense ont tour à tour plaidé l'acquittement devant une salle comble. Ils ont relevé des incohérences dans les récits des plaignantes et leurs contacts répétés avec les opposants du maire.

Avocat de Georges Tron, Antoine Vey a dénoncé un "procès de la rumeur et de l'amalgame", un dossier "construit autour d'une mythologie", "une accumulation de riens". Son autre avocat, Éric Dupond-Moretti, a tempêté contre un réquisitoire "démago", fustigeant ce qu'il estime être les ravages de la médiatisation et une sacralisation des déclarations des femmes qui se présentent comme victimes.

L'affaire avait éclaté dix jours après la retentissante arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn, alors patron du Fonds monétaire international, accusé de viol par une femme de chambre. Son verdict sera rendu un an après la déflagration Harvey Weinstein, qui a soulevé une vague mondiale de libération de la parole de femmes victimes de viols, agressions et harcèlement sexuels.
 
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