Les juges enquêtant sur un système présumé d'achats de voix lors d'élections municipales à Corbeil-Essonnes disposent d'une liste, saisie chez Serge Dassault, qui détaille des dons et avantages à environ 130 bénéficiaires, affirme Libération dans son édition de mercredi.
L'existence de cette liste, saisie en juin 2013 lors d'une perquisition au "Clos des Pinsons", la résidence de Serge Dassault à Corbeil, a déjà été évoquée, mais Libération en livre les détails.
Il s'agit de "quatre versions d'un listing d'électeurs, comportant environ 130 noms" et datés de "décembre 2009 et janvier 2010", affirme le quotidien, qui a eu accès aux documents.
Les juges du pôle financier enquêtent sur les élections municipales de 2008 à 2010, soit trois scrutins. Selon Libération, "le tableau comporte plusieurs colonnes", où sont inscrits les noms des bénéficiaires présumés, des commentaires sur l'avancement du dossier et les mentions "payé" et "non payé". Le quotidien estime que 70 noms sont concernés par des dons d'argent, de quelques centaines à plusieurs milliers d'euros. Dans d'autres cas, il s'agit du financement d'un permis de conduire, d'un prêt pour monter une entreprise, ou de "dons de natures très diverses": "1.000 euros afin de payer une 'amende' ", "500 euros pour 'soutien sortie détention' ", détaille le journal. Pour 45 noms, aucune somme n'est versée, s'agissant par exemple de jeunes ayant bénéficié d'un contrat aidé à la mairie de Corbeil, affirme le journal. Le sénateur UMP Serge Dassault, qui nie tout achat de voix, a été placé en garde à vue la semaine dernière dans le cadre de cette enquête. Il doit encore être convoqué chez les juges qui peuvent le mettre en examen.
Cinq protagonistes ont été mis en examen dans ce dossier, dont l'actuel maire de Corbeil-Essonnes et bras droit de Serge Dassault, Jean-Pierre Bechter, qui a remporté les élections municipales de 2009 et 2010, sa deuxième adjointe à la mairie Cristela de Oliveira et un vieux compagnon de route du sénateur, Jacques Lebigre. Les deux autres mis en examen, Younès Bounouara et Mamadou Kébé, sont soupçonnés d'être des intermédiaires du système présumé d'achats de voix.
Dans une lettre adressée mercredi au Premier ministre le député PS de Corbeil-Essonnes Carlos Da Silva a demandé que Jean-Pierre Bechter soit dessaisi "de la responsabilité de l'organisation" des prochaines élections municipales. Dans ce courrier dont l'AFP a obtenu copie M. Da Silva suggère "afin que les prochaines élections municipales à Corbeil-Essonnes puissent enfin se dérouler dans la transparence et l'impartialité prévues par la loi" de "placer entre les mains du Préfet, représentant de l'Etat et garant de son intégrité" l'organisation du scrutin municipal à venir.