Une nouvelle expertise sur le déraillement du Paris-Limoges en juillet 2013 à Brétigny-sur-Orge, demandée par le Comité Hygiène et Sécurité, incrimine à nouveau la maintenance de la SNCF et son mauvais fonctionnement. La SNCF conteste le rapport, qualifié de "parcellaire et approximatif".
Cette nouvelle expertise ne peut-être considérée comme un document judiciaire car elle est commanditée par le Comité d'Hygiène et de Sécurité de la SNCF.
Mais elle complète les précédentes investigations: enquête interne menée dès juillet 2013, travail du Bureau d'enquêtes sur les accidents du transport terrestre,
menées à côté et parallèlement à l'enquête judiciaire. Et ses constatations et conclusions vont dans le même sens que les études précédentes.
Les défauts d'organisation et de maintenance à la SNCF sont de nouveau pointés, ainsi que les baisses d'effectifs, pour éclairer la catastrophe ferroviaire de Brétigny-sur-Orge (Essonne) de 2013. Le rapport, établi par le cabinet spécialisé Aptéis, incrimine une "banalisation du travail dans l'urgence", une inquiétante "réduction de l'effectif compétent" et un "dysfonctionnement organisationnel", notamment dans l'entretien courant des voies.
Selon cette expertise, la baisse du nombre d'agents de surveillance des voies dans cette zone "semble y avoir été plus importante qu'ailleurs". Ainsi, entre 2000 et 2012, l'effectif de la brigade du secteur a "été divisé par deux", passant de 16 à 8 personnes.
Au total, les effectifs de la branche SNCF chargée de l'infrastructure du réseau ont diminué de plus de 6.000 agents entre 2000 et 2010 (-15%), dont 4.400 rien
qu'à la surveillance des voies, avant de remonter légèrement de 2011 à 2013.
Dans ce contexte, l'accident "a brutalement concrétisé des insuffisances en matière de prévention des risques qui résultaient de dérives et de désordres plus anciens dans l'organisation du travail, dans ses modes d'encadrement, de pilotage autant que dans les moyens mis en oeuvre", conclut le rapport. "L'accident du 12 juillet 2013 est avant tout le résultat d'un dysfonctionnement organisationnel".
La SNCF conteste les chiffres utilisés dans le rapport
Les effectifs de la SNCF dont fait état ce rapport sont "parcellaires et approximatifs", répond la Société nationale, qui "ne conteste pas les baisses d'effectifs", mais estime qu'elles sont "exagérées" dans le document.
« "Je conteste les chiffres du rapport, qui sont parcellaires et approximatifs » réagit Claude Solard, directeur général de SNCF Infra, en charge de l'infrastructure ferroviaire. Il ajoute « Ces chiffres ne sont pas exacts, il manque 2.000 personnes au niveau national, car certains services ont été affectés à d'autres directions, et ne sont donc plus comptabilisés dans ces effectifs, bien que leur travail reste le même ».
Et Claude Solard explique « On compare des chiffres locaux, alors qu'il y a des interventions de plus en plus importantes d'effectifs régionaux ou nationaux».
Enfin la SNCF ne conteste pas la réalité de baisses d'effectifs, mais affirme qu'elles sont exagérées par le rapport du CHSCT.
>> Un reportage de Maud de Bohan avec Abdel Joudi
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