Le directeur d'une agence immobilière de Palaiseau en Essonne et l'un de ses agents comparaissent devant le TGI d'Evry pour discrimination raciale. "Pas de noirs, pas d'arabes, pas de jaunes", ils avaient recommandé de refuser les dossiers des personnes selon leur origine.
"Pas de noirs, pas d'arabes, pas de jaunes", les consignes sont claires et crues. Des pratiques racistes au sein de l'agence immobilière Alvimmo située à Massy dans l'Essonne. L'affaire remonte à février 2006. Une chargée de clientèle de l'agence choquée par ces pratiques, prévient l'association SOS Racisme. Elle livre également une preuve. Une caméra cachée a été organisée avec l'aide de l'association et les journalistes de Pièces à conviction.L'association se saisit de l'affaire et la porte devant la justice. Cette employée avait par ailleurs notifié par écrit à son employeur son désaccord sur ces pratiques.
Douze ans après les faits, le patron de l'agence et son fils comparaissent devant le TGI d'Evry. Ils sont poursuivis pour discrimination raciale et encourent jusqu'à 3 ans de prison.
► Voici l’enregistrement en caméra cachée. Une vidéo diffusée le 24 février 2006 dans l’émission "Pièces à conviction" sur France 3 et réalisée avec l'association SOS Racisme.
Des pratiques souvent dénoncées mais encore peu jugées
C'est un long chemin vers la justice. "Rares sont les procès et innombrables sont les discriminations raciales au logement", déclare Samuel Thomas de l'association La maison des potes (et ancien membre de SOS Racisme). En effet l'affaire remonte à 2006. Elle avait été rappelée dans une enquête sur le racisme ordinaire dans les agences immobilières diffusée en février 2006 dans l'émission "Pièces à conviction". La LICRA avait par ailleurs mené une opération de testing auprès de l'agence et constaté ces pratiques. Aucun client n'a porté plainte.Un premier non-lieu est prononcé en 2011 faute de charges suffisantes selon la justice. Un deuxième sera prononcé en 2014.
Mais l'association la Maison des potes, qui s'est constituée partie civile, poursuit son action. Finalement en juillet 2018, l'association obtient une décision de renvoi devant le tribunal correctionnel d'Evry.