Il a été surnommé le shérif dans sa commune. Le maire de Wissous (Essonne) comparait depuis cet après-midi devant le tribunal correctionnel d'Evry. Dans une ambiance tendue. Richard Trinquier est poursuivi pour violences volontaires avec armes après avoir menacé des gens du voyage avec un sabre.
Ambiance très tendue cet après-midi au tribunal correctionnel d'Evry (Essonne). Dans la salle d'audience, ce sont deux clans qui se font face. D'un côté, des gens du voyage. De l'autre, des proches du maire de Wissous, Richard Trinquier. Ce dernier comparait pour violences volontaires avec usage ou menace d'une arme.
En avril, il aurait menacé des gens du voyage qui s'étaient installés sur le parking d'une crèche de sa ville. La police municipale, puis des adjoints au maire avaient dans un premier tenté de négocier une solution de relogement. Mais en fin de journée, le maire Richard Trinquier s'était finalement rendu sur les lieux.
Gilet pare-balles sur le dos, étoile de shérif siglée "police" accrochée à sa veste, il avait exhibé un sabre d'un mètre de long. Le maire avait ensuite été interpellé et placé en garde à vue dans la foulée avec un membre des gens du voyage.
"Il se fait justice lui-même"
A la barre ce mercredi après-midi, l'élu, calme et déterminé, plaide la légitime défense. Celui que l'on surnomme dans sa commune le shérif rappelle qu'il responsable de la sécurité de sa ville, qu'il est officier de police. Puis raconte avoir été menacé, s'être senti en danger, ce qui explique qu'il ait sorti son sabre."Il a préféré prendre un sabre, ce qui est peut-être exotique, une arme défensive plutôt que de se saisir d'une arme qu'il a de manière légale mais qui aurait pu être plus dangereuse. C'était son devoir de faire respecter la loi. Pendant deux heures, ils n'ont pas voulu obtempérer. Ils l'ont menacé avec un fusil de chasse et un fusil à pompe. Il n'a fait que se défendre, plaide son avocat Gilles-William Goldnadel. Le 10 mars précédent, il y avait déjà eu des menaces de mort, y compris sur des policiers nationaux. "
Une version contestée par les avocats de la partie civile. Pour Maitre Olivier Le Mailloux qui représente l'association France Liberté voyage, le maire de Wissous a une attitude particulièrement agressive contre les gens du voyage. "C'est une attaque ciblée car il y a déjà eu des précédents dont il se vante régulièrement. Il se vante de faire la chasse aux gens du voyage, une partie de la population qu'il exècre. Il ne respecte pas la loi, ses obligations de créer une aire d'accueil et il se fait justice lui-même. C'est indigne d'un maire qui salit la République."
En 1995, nouvellement élu, Richard Trinquier avait armé ses agents de 357 Magnum, puis de fusils à pompe et s'était octroyé le port d'arme avant d'être finalement désarmé par le Conseil d'État. Le maire adhérent à debout la France, fait depuis souvent parler de lui. Il encourt jusqu'à 3 ans de prison, 45 000 euros d'amende et l'inéligibilité.