Steevy Gustave vient d'être élu député Nouveau Front Populaire de la 3e circonscription de l'Essonne. Originaire de Brétigny-sur-Orge, le producteur de 54 ans assume son style et refuse d’être vu comme un symbole.
"J’ai des dreadlocks jusqu’en bas des fesses, mais je suis la France", assure ce fils de militaire. Ce dimanche 7 juillet, il a été élu député (Nouveau Front Populaire) dans la 3e circonscription de l’Essonne. Elle recoupe notamment les cantons d’Arpajon, de Brétigny-sur-Orge ou encore Dourdan. Au second tour, il a fait face à Stefan Milosevic (Rassemblement National). Un candidat d’extrême droite qu’il a battu, avec 56,71% des voix.
Un député qui se veut reflet de la société
Steevy Gustave se sent investi d’une mission : "Toute ma vie, j’ai combattu le FN. En tant que fils de militaire mort en service commandé, on ne refuse pas le combat. Mon devoir est de combattre les idées nauséabondes, les raccourcis contre l’étranger et les différentes communautés. Construire des ponts, c'est ma mission". Un "combat depuis plusieurs années" dans une circonscription qu’il juge "très droite", où il n’y a, selon lui, que "5 à 6 maires de gauche sur 42 communes".
Pour lui, cette entrée en fonction va avoir une importance particulière. "J’aborde ce mandat d’une manière très grave. Je ne sais pas si je dois me réjouir de mon élection, car je ne l'ai pas vécue comme les autres. Ce n'est pas le Steevy qui voulait représenter la France comme territoire, mais qui veut incarner le combat de toutes et tous. On parle de moi comme d’un symbole. Pourtant, je ne veux pas en être un : je veux montrer qu’avec mon look atypique, cela peut incarner la normalité. Il y a toutes ces communautés qui font la France, et je veux montrer que je suis le produit de ce métissage", nous détaille-t-il.
Il s’attache à œuvrer pour une société harmonieuse. Une phrase de l’écrivain et philosophe Frantz Fanon lui tient particulièrement à cœur : "Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous". "Je suis heureux d’avoir des antiracistes et des personnes contre l’antisémitisme, autour de moi. Je n’ai pas envie non plus qu’une fille qui porte le voile se fasse insulter. Je veux lutter contre tous ces racismes, et mener aussi mon combat pour les LGBT. Je souhaite que les lesbiennes et les gays puissent vivre sans avoir peur des cris, des insultes, des caricatures", détaille Steevy Gustave.
Autre valeur qui lui importe beaucoup, la laïcité : "pour que chacun vive son culte comme il l’entend, dans le respect de la République".
Un engagement politique durablement ancré
Depuis 1989, Steevy Gustave a tenu à s’engager. Cette année-là, il avait demandé une salle à la mairie de Brétigny-sur-Orge pour son association de danse hip-hop. Le maire de l’époque, Jean de Boishue, refuse sa demande. Il avait attaqué cet élu, pour "injures raciales", quand ce dernier était secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur. "Ce truc improbable, qu'un jeune de banlieue attaque un ministre, c'était important à l'époque", se souvient-il désormais.
En 2015, il fait son entrée au sein du cabinet de Christiane Taubira, alors ministre de la Justice. Steevy Gustave y est alors "chargé de mission pour les personnes placées sous main de justice". Une expérience qu’il a trouvée gratifiante, puisqu’elle a permis, selon ses mots, de contribuer à la "culture, en détention". Cinq ans plus tard, il se présente aux municipales, à Brétigny-sur-Orge (Essonne). Peine perdue, mais de "très peu", confesse-t-il. Même chose, pour les législatives, en 2022.
Pas de quoi décourager le producteur de musique. Ce grand-père de deux petites filles va devoir "réduire les déplacements pour les voir, à Londres", et passer moins de temps sur la musique, qui le passionne tant. Des obligations qu'il est prêt à assumer, pour le bien commun.