Quelle est la couleur politique de la région Île-de-France ? La Seine-Saint-Denis demeure fermement ancrée à gauche, tout comme Paris, le RN progresse en grande couronne et les macronistes conservent leurs bastions dans les Hauts-de-Seine et les Yvelines. Voici ce qu'il faut retenir de ce second tour des élections législatives de 2024.
La carte politique de la région est fragmentée. Le Nouveau Front populaire a fait élire 54 députés sur les 97 sièges que compte la région au Palais Bourbon. Deux Divers Gauche font leur entrée à l'Assemblée nationale. La majorité présidentielle obtient 30 sièges, devant les LR et ses alliés divers droite (7). Le Rassemblement national a élu 4 députés, contre 2 en 2022.
Paris, la gauche retrouve son niveau de 2012
A Paris, la gauche a pris le dessus aux élections législatives de 2024 en arrachant trois sièges aux macronistes, pour porter son total à douze sur 18 circonscriptions. Surprise de cette élection : la défaite du ministre Stanislas Guérini dans la 3e circonscription de Paris.
La droite, elle, échoue à retrouver un strapontin. Quant au seul candidat RN qualifié au second tour, il se voit battu.
La Seine-Saint-Denis reste à gauche
Le Nouveau Front populaire confirme le grand chelem réalisé en 2022 par la Nupes, avec 12 circonscriptions sur 12 remportées par la gauche, dont la moitié dès le premier tour principalement par des figures insoumises (Clémentine Autain, Eric Coquerel, Aurélie Trouvé...).
Affrontant une candidate investie par son propre parti contre lui, le député sortant LFI Alexis Corbière a été largement réélu au second tour avec 57% des voix dans la 7e circonscription (Montreuil, Bagnolet).
Tous les députés sortants du département ont été réélus, à l'exception de Raquel Garrido dans la 5e circonscription (Bobigny, Drancy). Arrivée troisième dans une triangulaire avec l'UDI Aude Lagarde et le candidat insoumis officiellement investi contre elle, Aly Diouara, Raquel Garrido s'était désistée entre les deux tours. Au second tour, Aly Diouara a été largement élu avec 60,55% des voix.
Yvelines et Hauts-de-Seine, bastion du camp présidentiel
Dans les Hauts-de-Seine, département historiquement à droite et passé sous pavillon macroniste dès 2017, de nombreux ministres ont conservé ou gagné un poste de député.
Le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal devance largement la candidate socialiste Cécile Soubelet avec 58,23 % des suffrages obtenus contre 41,77%. Le ministre des Affaires étrangères Stéphane Séjourné remporte ses premières élections à Boulogne-Billancourt avec un score de 72,85%.
Quant à la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, elle a été réélue. Dans les Yvelines, 8 députés sur 12 restent macronistes, dont Aurore Bergé et Karl Olive.
En Seine-et-Marne, progression contenue du RN
Largement rurale, la Seine-et-Marne était un département-clé en Île-de-France pour le parti d'extrême droite. Le RN espérait y remporter aux législatives une part significative des 11 sièges de députés de la circonscription, et confirmer sa percée des européennes dans la grande couronne parisienne.
Dans ce département, le Nouveau Front populaire remporte six circonscriptions, Ensemble deux, le RN deux et LR une.
Alors que huit triangulaires s'annonçaient à l'issue du premier tour, les retraits tactiques ont limité les victoires du RN. Outre la réélection dans la 6e circonscription de sa seule députée sortante dans le département, le parti lepéniste ne conquiert que la très rurale 4e circonscription (Provins, Nangis) avec Julien Limongi.
Dans le Val-d'Oise, le recul des macronistes
Le camp présidentiel enregistre un net reflux dans le Val-d'Oise par rapport aux législatives de 2022, avec une seule circonscription sauvée sur les six qu'il détenait.
Dans la 4e circonscription, la candidate Ensemble Naïma Moutchou (Horizons) sauve les meubles avec 55,39% des voix. Dans l'entre-deux-tours, elle a bénéficié du désistement du candidat LR-RN arrivé troisième.
Dans le Vexin (1ère circonscription), le maintien de la députée sortante arrivée troisième, la macroniste Emilie Chandler, aboutit à la victoire sur le fil de la RN, Anne Sicard, ancienne cheffe de cabinet de Marion Maréchal aux élections européennes, avec seulement 500 voix d'avance sur le candidat NFP.
Le reflux des macronistes se fait au bénéfice du NFP qui prend le contrôle de quatre nouvelles circonscriptions, portant son total à huit dans le département.
En Essonne, défaite de Dupont-Aignan
Coup de tonnerre dans l'Essonne : après vingt-sept ans à représenter la 8e circonscription au Palais Bourbon, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) perd son siège dans une triangulaire, devancé par le syndicaliste cheminot Bérenger Cernon (NFP). Le RN, qui espérait progresser dans ce département, ne fait que conserver la circonscription qu'il détenait depuis 2022.
Le Val-de-Marne, un département divisé
Sur les onze circonscriptions du Val-de-Marne, cinq sont désormais tenues par le Nouveau Front Populaire. La droite et le centre ont réalisé également de bons scores avec la victoire des maires LR de L’Haÿ-les-Roses et de Saint-Maur, mais aussi la réélection des trois députés macronistes. À l’inverse, Rachel Keke, NFP, n’est pas réélue.
Avec 66,1% de participation, l'Île-de-France frôle le taux national.