Pour lutter contre le développement des moustiques tigres dans les eaux stagnantes, la Ville de Draveil (Essonne) compte renforcer la présence de libellules. Un moyen d’éviter le recours aux pesticides contre l’insecte, reconnaissable par sa couleur noire et blanche rayée.

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Pour lutter contre le moustique tigre, qui peut nous transmettre des virus comme celui de la dengue, du chikungunya ou du Zika, la mairie de Draveil, en Essonne, compte sur l’un de ses prédateurs : la libellule. "L’idée est de rétablir un équilibre naturel, on a arrêté depuis des années d’utiliser des pesticides pour entretenir les jardins et la voirie. Nous nous sommes rendu compte que les produits décimaient les insectes pollinisateurs et les oiseaux, et dérégler le biotope", autrement dit l’environnement, explique Anne-Marie Jourdanneau-Fort.
Adjointe à la Culture à la Ville de Draveil, et conseillère départementale en charge de la Charte des Jardins Naturels Sensibles en Essonne, l’élue (non-inscrite) a "beaucoup travaillé sur le phénomène et la démoustication". Alors que l’Agence Régionale de Santé (ARS) Île-de-France rappelle que "l’ensemble des départements du territoire métropolitain est considéré comme à risque d’implantation et de développement du moustique tigre" depuis début 2020, Anne-Marie Jourdanneau-Fort estime que "toutes les communes sont concernées".
"C’est un problème récurrent, ça ne date pas de cet été, explique-t-elle. Des administrés se plaignent de la présence du moustique tigre, nous voulons être actifs et à l’écoute." Pour éviter d’avoir recours aux insecticides, un plan de la mairie a prévu trois phases, avec d’abord l’achat de nichoirs à oiseaux "pour l’action diurne" et de nichoirs à chauves-souris "pour l’action diurne". Vient désormais la phase dédiée à l’"action préventive" des libellules.

La libellule, "un prédateur de la larve et de la nymphe" du moustique tigre

Sur son site, l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) du Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN) indique que, chez les moustiques tigres, "une femelle produit entre 300 et 345 œufs qui sont déposés dans des eaux stagnantes", qui "donnent des larves et se nourrissent de matière organique présente dans l’eau", avant de se transformer en "nymphes puis en adultes". Le tout avec la capacité de "passer l’hiver (...) si celui-ci n’est pas trop rigoureux".
"La libellule, qui naît dans le même biotope, est un prédateur de la larve et de la nymphe, qu’elle dévore, explique de son côté Anne-Marie Jourdanneau-Fort. C’est un cercle vertueux, la larve de libellule peut vivre jusqu’à trois ans. Nous souhaitons renforcer la présence des libellules dans les eaux stagnantes, au niveau des lacs ou des mares dans les forêts."
Une stratégie promue par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), qui conseille de "favoriser le développement des prédateurs des moustiques", avec "le développement des populations d’oiseaux insectivores (hirondelles…), des chauves-souris insectivores (rendement pouvant dépasser les 500 moustiques par nuit), sans oublier les libellules insectivores aux stades larvaires et adultes". L’établissement recommande aussi de détruire les lieux de ponte et d’éliminer les lieux de repos des moustiques "dans la végétation" en entretenant les jardins, les arbres, les haies et les herbes hautes.
"Les libellules, ce n’est qu’une partie de l’action, qu’il faut combiner à d’autres dispositifs", souligne Anne-Marie Jourdanneau-Fort. L’élue souligne également que "90 espèces de libellules sont répertoriées en France, il ne faut pas n'importe quoi avec n’importe quelle espèce".

Une mobilisation contre la pulvérisation de pesticides à Maisons-Alfort

L’usage des insecticides contre le moustique tigre a récemment fait l’objet d’une mobilisation à Maisons-Alfort, dans le Val-de-Marne. La semaine dernière, une opération de démoustication organisée par l’ARS et mise en œuvre par l’Agence régionale de démoustication (ARD) a entraîné un rassemblement de riverains inquiets, comme le rapporte Le Monde. Sur X (ex-Twitter), le député européen Benoît Biteau (EELV) avait dénoncé la pulvérisation de produits à base de pyréthrinoïdes : "Cette famille d'insecticides tue les moustiques… Et les abeilles, et les écosystèmes aquatiques ! A l'heure de l'effondrement de la biodiversité, ces méthodes ne sont plus possibles !"

Tandis que la fiche d’information publiée par l’ARS pour cette opération indique que les produits peuvent provoquer chez l’être humain "une gêne ou irritation transitoire, cutanée ou respiratoire, en particulier chez les personnes sensibles ou allergiques, sans gravité", l’établissement, contacté, n’a pas répondu à nos questions, renvoyant vers un communiqué publié cet été.
Ce dernier rappelle que dans le cadre d’une "surveillance dite 'renforcée' (...) mise en œuvre du 1er mai au 30 novembre", les "actions de lutte anti-vectorielle" sont mises en place suite à des signalements de "cas de dengue, chikungunya ou Zika" par des professionnels de santé. "Le moustique tigre ne volant pas au-delà de 150 mètres, le périmètre de l’opération est donc fixé dans un rayon de 150 mètres autour du domicile de la personne concernée", précise le communiqué.
Une campagne similaire de démoustication a également eu lieu à Draveil, le 17 juillet dernier, suite à un cas importé de dengue. "Il s’agissait d’une personne qui revenait de voyage", réagit Anne-Marie Jourdanneau-Fort. "On travaille en accord avec l’ARS, qui agit dans des zones très ciblées suite à des signalements. Et pour l’usage général, on n’utilise pas de pesticides pour protéger nos espaces naturels. Cliver la population sur ces sujets-là, ce n’est jamais bon", estime-t-elle.
"Chacun doit se sentir concerné, en entretenant les espaces privés", ajoute par ailleurs l’élue. La mairie de Draveil appelle également ses habitants à signaler la présence du moustique tigre, via une plateforme nationale en ligne.

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