Les supérettes automatiques Boxy, c'est fini. La société basée à Paris ferme tous ses magasins franciliens dès le début du mois d'avril. Le départ des conteneurs rouges sans caisse, sans vendeur et ouvertes en continu laisse les habitants des communes concernées partagés.
Difficile de rater ces épiceries dans des conteneurs rouges, sans caisses et sans présence humaine installés dans 31 villes à travers l'Île-de-France. La société parisienne, crée en 2018, a annoncé la fermeture totale pour la fin avril de ses magasins connectés. Les utilisateurs de ces supérettes connectées pouvaient y acheter ce dont ils avaient besoin, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Inscrit sur l'application de la marque, le client n'avait plus qu'à scanner son QR code pour accéder au local. Ces anciens conteneurs maritimes permettaient notamment de trouver des produits alimentaires, comme des plats préparés, des boissons ou encore des produits d'hygiène. Une fois sortis du magasin, les clients recevaient la facture et la payaient via leur téléphone.
À Varennes-Jarcy (Essonne), la supérette Boxy sera retirée le 11 avril prochain. Une fermeture qui fait réagir les habitants de cette ville à 30 kilomètres au sud-est de Paris.
Sentiments divers parmi les habitants
L'incompréhension domine, pour Séverine. Cette mère de famille de la commune, 43 ans, trouvait pratiques ces épiceries d'un nouveau genre. "Je regrette totalement cette fermeture. Nous y passions souvent après l'école pour le goûter de dernière minute, s'il nous manquait un ingrédient pour faire des crêpes le dimanche ou un gâteau. Mon fils pouvait y aller sans se soucier du paiement, car il prenait mon téléphone. Il n'y avait pas besoin de se balader avec sa Carte bleue tout le temps", déplore cette gestionnaire de carrière et de paie.
Avis plus mitigé pour Michel, 74 ans. Bien qu'il n'ait pas utilisé ces supérettes connectées, ce retraité de la finance a un avis bien tranché. Sur la fermeture, il trouve cela "dommage, mais prévisible". "Par plusieurs fois, la municipalité a tenté d'aider de rouvrir une épicerie, et ça n'a jamais marché. Lorsqu'il n’y avait pas de Boxy, les gens allaient ailleurs", ajoute-t-il. Avant l'installation du local, la commune avait consulté les habitants : "Je me suis prononcé contre l'implantation de Boxy, car il y avait déjà le centre commercial Cora, à Val d'Yerres."
Lui qui vit dans la commune depuis "une vingtaine d'années", estime que cette implantation n'était pas utile. "Ça a dénaturé complètement le site où il était implanté. Quand on y passait, il y avait surtout des jeunes qui venaient se ravitailler en jus de fruits, en eau", se justifie-t-il. L'homme évoque aussi un contexte économique déjà difficile, dans la commune.
"À Varennes-Jarcy, les commerces ont du mal à survivre. On a une boulangerie-pâtisserie, une pharmacie et des restaurants aux alentours qui marchent très bien. Mais le petit commerce est condamné, avec la concurrence des petites épiceries et du centre commercial Val d'Yerres, à 3 ou 4 minutes en voiture. Il ouvre dès 9h et le dimanche matin", termine Michel.
Boxy désormais tourné vers les professionnels
Contactée, la société crée en 2018 indique avoir choisi de se concentrer sur les milieux professionnels. Il ne s'agit pas d'une fermeture pour cause de vandalisme, comme cela a été le cas dans une région voisine. "Boxy a pris la décision de recentrer ses activités sur sa technologie, sur ses modules connectés. Les modules connectés sont des frigos et meubles intelligents, qui peuvent être installés dans des environnements privés, professionnels. Les bureaux des entreprises, la restauration collective ou les salles de sport, par exemple", explique-t-elle.
L'entreprise dit faire ce choix à contrecœur. "On a conscience que cette décision déçoit nos partenaires, les équipes municipales. On le sait et on en est sincèrement désolés. Il est difficile de maintenir un réseau d'épiceries grand public et une activité centrée pour les professionnels. Parmi les autres facteurs, il y a le contexte économique marqué par l'inflation et la difficulté pour une jeune entreprise d'accéder à des sources de financement pour assurer sa pérennité. On a vraiment ces trois facteurs-là", assure-t-elle.
Le nouveau projet de la société, uniquement tourné vers les professionnels, prévoit la vente d'un plus grand nombre de produits. Au-delà de l'alimentaire, Boxy compte aussi vendre des produits d'hygiène, électroniques, tels des chargeurs pour téléphone, ou encore des livres.