L'enquêtrice chargée des investigations sur la mort de l'ex-femme de Jamel Leulmi en 2007 et qui s'étaient soldées par un classement sans suite, a fait part lundi de ses "doutes" à l'époque des faits, devant la cour d'assises de l'Essonne.
"J'ai gardé ce dossier très longtemps et je n'arrivais pas à le clôturer car j'avais des doutes sur un simple accident de la circulation", a dit la gendarme Marie-Brigitte K, directrice d'une enquête qui avait cependant conclu à un accident de la route avant que les faits ne soient requalifiés en assassinat lors de la réouverture de l'enquête en 2010.
La militaire a indiqué à la barre avoir manqué "d'éléments" pour conclure à l'époque à autre chose qu'à un accident de la circulation après la mort de Kathlyn Vasseur Pontonnier, épouse de M. Leulmi, renversée par une voiture sur une route de l'Essonne, le soir du 30 janvier 2007.
Décrivant "un veuf accablé et aphone", elle a contesté avoir été "manipulée" par l'accusé qui avait voulu "créer une intimité qu'(elle) ne souhaitai(t) pas", lui offrant notamment des fleurs, déjeunant avec elle et lui proposant de lui payer un avocat après une agression dont elle avait été victime. Les doutes de cette directrice d'enquête ont surgi à l'époque quand elle a appris que des contrats d'assurance-décès ont été souscrits par la victime pour des montants très importants. Mais l'enquêtrice n'arrivera pas à suffisamment les étayer pour
que les investigations puissent se poursuivre, faisant l'impasse sur des éléments troublants du dossier qui seront mis au jour lors de la reprise de l'enquête en 2010.
Des avocats de la partie civile ont ainsi pointés, les "erreurs" commises lors de cette première enquête, l'un d'eux, Me Thierry Lacamp affirmant même que la gendarme avait été "sous l'emprise de Leulmi". Interrogée par un avocat sur la remise en cause de son enquête, la gendarme a indiqué à la barre: "c'est difficile mais ça le restera moins que d'avoir l'impression d'être passé à côté de quelque chose".
Soupçonné d'avoir assassiné sa femme et tenté de tuer une seconde compagne pour toucher des millions d'euros en assurance-décès, Jamel Leulmi est jugé depuis le 28 avril par la cour d'assises de l'Essonne. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.