Située dans l'Essonne, RecycLivre expédie des centaines de milliers d'ouvrages d'occasions dans toute la France et se veut une alternative écologique et solidaire aux grandes plateformes européennes et américaines.
Derrière les portes d'un banal entrepôt situé dans l'Essonne se cache un trésor. Un million de livres d'occasions reposent dans ces étagères et attendent leurs acheteurs. Une trentaine de salariés permanents déambulent dans les allées de cette bibliothèque géante, scannant, répertoriant et classant ces ouvrages.
Ils sont aidés par une quinzaine d'intérimaires ces dernières semaines. "Nous avons la chance d'être impacté de façon positive. Avant les annonces d'Emmanuel Macron, nous avons vu une vraie augmentation des ventes, les personnes faisaient une anticipation du confinement. La première semaine de cette période, nous avons fait trois fois le chiffre d'affaires comparé à un temps normal", explique David Lorrain, fondateur de RecycLivre.
Ces livres sont surtout récoltés auprès des particuliers qui s'en séparent généralement lors de déménagements ou de décès ainsi qu'auprès de partenaires comme des médiathèques ou des bibliothèques. Sur les 3 millions collectés, deux-tiers, invendables, terminent en pâte à papier. Les autres se retrouvent dans cet entrepôt.
Amazon, un partenaire et un concurrent
Comment David Lorrain a-t-il transformé ces livres de seconde main en or blanc ? Cet ancien cadre dans le domaine du numérique a commencé avec sa voiture et sa cave. Habitant un appartement parisien trop petit pour stocker tous ses recueils, il décide de s'en débarrasser, mais personne n'en veut."J'ai mis une centaine de bouquins le vendredi soir en vente sur Amazon. Le samedi, à 4h du matin, il y avait une vente", se remémore le dirigeant. C'était en octobre 2008. Alors à la question de savoir s'il ne voit pas la plateforme américaine d'un mauvaise œil, David Lorrain répond que "si Amazon n'existait pas, nous n'existerions pas. Je pense que les choses ne sont pas noires ou blanches" admettant tout de même que ces plateformes "ne sont pas la panacée".
Douze ans plus tard, l'objectif est désormais de réduire au maximum leur importance dans son chiffre d'affaires et de reproduire le modèle en Espagne et en Italie. Deux algorithmes faits maison ont permis le développement d'une boutique en ligne interne, mais sans les codes d'outre-Atlantique.
Entreprise sociale et solidaire
Ici, assure David Lorrain, pas question de faire pression sur les salaires et les coûts et son partenaire logistique n'emploie que des personnes en contrat d'insertion.Francis, âgé de 53 ans, fait partie de ces salariés qui travaillent dans l'entrepôt de RecycLivre. Embauché depuis 1 an par ce partenaire logistique, il a perdu son emploi suite à un accident au dos. "J'étais gestionnaire de stock dans une importante entreprise dans la boulangerie, je devais porter de gros sacs de farine. Quand je suis parti, j'ai pris une petite claque."
Après une période de 10 mois de chômage, il a trouvé cet emploi pour deux ans et recherche un travail dans la logistique. "Les livres c'est bien. Ils sont donnés et revendus sur internet. On en a jamais fait autant, on est en train d'exploser les commandes. Certains prennent 50 bouquins en même temps !", s'exclame-t-il tout en scannant les livres.
Des commandes plus ou moins fantasques. Avant le premier confinement, une personne a commandé 200 livres : toutes les éditions disponibles des Nuls.