La maire (LR) de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, a été mise en examen ce mercredi pour blanchiment de fraude fiscale aggravée. Elle est soupçonnée d'avoir vidé un compte au Luxembourg pour le transmettre à sa fille.
Après plusieurs années d'enquêtes, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, maire (LR) de Puteaux dans les Hauts-de-Seine, a été mise en examen pour blanchiment de fraude fiscale aggravée mercredi 2 décembre 2020. Elle a été placée en garde à vue lundi, elle a été placée sous contrôle judiciaire.
L'affaire remonte à 2008. La maire de Puteaux aurait vidé un compte non déclaré au Luxembourg en faisant retirer 102 lingots d'or, l'équivalent de 2 millions d'euros à ce moment, et 865 000 euros en liquide. Mediapart avait révélé ces mouvements en septembre 2015, ce qui avait déclenché une enquête du parquet de Nanterre neuf mois plus tard.
Mme Joëlle Ceccaldi-Raynaud a d'abord nié détenir ce compte et ces lingots. Interrogée par un juge d'instruction dans le cadre d'une autre affaire, elle a finalement reconnu en 2015 l'existence du compte luxembourgeois et d'en avoir transféré les fonds à ses enfants.
Face à cette mise en examen, elle répond avoir "confiance en la justice" et explique qu’elle va pouvoir avoir accès au dossier, ce qu’elle "attendait depuis longtemps", indique-t-elle à Défense-92. "Je vais pouvoir défendre mon innocence, exactement comme dans l’affaire du chauffage urbain de La Défense où j’ai obtenu un non-lieu", a-t-elle poursuivi.
"Mieux vaut tard que jamais"
Une mise en examen qui n'étonne pas Vincent Dubail, conseiller municipal EELV. "Mieux vaut tard que jamais. La justice prend enfin la peine de la mettre en examen. Les faits remontent à l'ancienne mandature. Christophe Grébert (ancien élu d'opposition, ndlr) l'avait déjà dénoncé depuis longtemps".Une mise en examen tardive selon l'élu, d'autant qu'elle a lieu après les élections municipales où la maire a été réélue dès le premier tour. "Bien sûr, quand une personne ne fait pas preuve de probité alors que c'est le devoir d'un élu qui est au service du citoyen, cela joue sur le scrutin. De là à faire changer de manière conséquente le vote final, je ne sais pas", poursuit M. Dubail qui cite l'exemple de Levallois où Patrick Balkany a été réélu de nombreuses fois.
L'histoire d'un conflit familial
Les déboires de Joëlle Ceccaldi-Raynaud avec la justice commencent en 2005 après une dénonciation de son père. Dans une longue enquête republiée par Mediapart, les auteurs affirment que Charles Ceccaldi-Raynaud, ancien maire de Puteaux de 1969 à 2004, voulait reprendre son fauteuil de maire à la place de sa fille. Mais cette dernière aurait refusé.Charles Ceccaldi-Raynaud (décédé en 2019 à l'âge de 94 ans), alors mis en examen et soupçonné d'avoir touché 750 000 euros en marge d'un marché de chauffage de La Défense, a accusé sa fille d'avoir reçu l'argent et a dénoncé ce compte au Luxembourg. Selon cet article, Mme Ceccaldi-Raynaud a caché "pendant quatorze ans jusqu’à 3,8 millions d’euros sur des comptes non déclarés".
Sur la provenance de ces fonds, la maire de Puteaux assure qu'il s'agit d'un héritage transmis par sa grand-mère corse. Elle aurait reçu ces sommes de son beau-père, ministre de la République à la fin du XIXe siècle.
Contactée, Joëlle Ceccaldi-Raynaud n'a pas donné suite à nos sollicitations.