PORTRAIT. Législatives 2022 : Pauline Rapilly-Ferniot, la militance de bon cœur

Habituée des coups médiatiques, la jeune élue EELV de Boulogne-Billancourt se présente aux législatives dans la 9è circonscription des Hauts-de-Seine. Jean-Michel Sosie, Plus belle la vie, Mélenchon Premier ministre et plats végans... Portrait rapide d'une boute-en-train politique.

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3450 signatures... Encore loin du million mais elle y croit. Sur change.org, l'élue EELV de Boulogne-Billancourt, Pauline Rapilly-Ferniot, veut sauver le Mistral, ou plutôt Plus Belle la Vie, sa série "doudou". Accro à la "puissance politique" du feuilleton, "plus utile que bon nombre d'élus", elle se souvient déjà de cette série dont on annonce la fin imminente et grâce à laquelle elle a pu parler homosexualité tranquille avec sa grand-mère. "Ah, Thomas Marci..."

Elle a 26 ans et représente la relève de la lutte politique de gauche, elle qui s'est fait connaître pour son humour et ses buzz, son militantisme heureux en somme. La pancarte "Bouffe mon clito, pas le climat", c'était elle. L'éviction musclée sur le carrelage d'une réunion de Marine Le Pen, c'était elle. L'écrito "criminel climatique" à l'unique meeting d'Emmanuel Macron avant le premier tour, c'était elle... aussi.

Ne jamais se taire

La jeune Boulonnaise, également attachée de presse de Jean-Michel Sosie, doublure bermuda-tongs de Jean-Michel Blanquer, passe en ce moment à la vitesse supérieure. Sous les couleurs de la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale), elle se présente dans la 9ème circonscription des Hauts-de-Seine, à domicile donc, pour remplacer Thierry Solère, député LREM d'une toute autre ambiance, treize fois mis en examen. On imagine déjà les séances au Palais Bourbon avec une députée comme elle. Aux côtés de François Ruffin et d'autres agitateurs de ce bord, les retransmissions de l'après-midi gagneraient en audience.

Fille d'un ingénieur et d'une agent immobilier, elle n'a pas grandit dans un milieu très politisé. D'accord, son père "a le même jeans depuis 20 ans, la société de consommation, c'est pas son truc" mais bon... "il vient d'une famille plutôt de droite."  Après, il y a bien les ancêtres qui étaient maires quand on remonte, quelque part en Normandie, on trouve encore une rue "Rapilly" dans un village. "Voilà tout."

On ne saisit donc pas trop d'où lui vient son militantisme. Elle aussi y réfléchit... et se met alors à nous raconter "sa première victoire antispéciste". C'était au lycée, elle avait réussi à faire "sortir le lapin des menus à la cantines. "À la 'commission des menus', le rongeur avait été remplacé par un plat végan après une longue bataille. "J'ai jamais su me taire quand quelque chose me paraît injuste."

"Je milite avec les outils qui s'offrent à moi"

Après un Bac S, "mention TB", précise-t-elle, elle étudie l'Histoire et les sciences-politiques. "Dans un monde sans dérèglement climatique, j'aurais voulu être chercheuse là-dedans." Mais le dérèglement climatique est là alors elle s'arrêta au Master. Il fallait lutter.

Aujourd'hui, elle vit de ses 200€ d'indemnités d'élue d'opposition, et de son chômage. Après avoir travaillé à la mairie de Bondy comme chargée de mission en développement durable, puis comme coordinatrice pour la campagne de Julien Bayou aux régionales en 2021, elle se fait renvoyer de son premier CDI dans une asso après son happening réussi rue de Grenelle, devant le ministère de l'Education nationale. Avec Jean-Michel Sosie (alias Nour Duran-Rocher, vice-président du groupe "écologistes de Paris") et le collectif Ibiza, elle y dansait en bikini pour parodier les sulfureuses vacances du ministre sur l'île des Baléares en plein changement de protocole sanitaire dans les écoles.   

Lorsqu'on lui demande aujourd'hui si elle garderait les mêmes méthodes avec une écharpe de députée, elle répond du tac au tac : "ça dépend si Mélenchon est Premier ministre ou pas !"(...) "Interpeller un ministre qui partage mes convictions n'est pas la même chose que d'être dans l'opposition. Cela implique forcément l'utilisation d'autres stratégies. Mon objectif n'est pas le buzz à tout prix mais de me battre pour la justice sociale et contre le dérèglement climatique. Et je le fais avec les outils qui s'offrent à moi suivant le contexte. Quand on est que 5, il est plus utile de faire un happening qu'une manif..."

"Il vaut mieux être heureux pour militer, c'est plus efficace"

Consciente que le territoire boulonnais n'est pas particulièrement favorable à la gauche, elle explique que c'est une terre très propice cependant "à une jeune Boulonnaise engagée depuis trois ans, déjà élue à la mairie et sincère." Mais si elle perd, Pauline Rapilly-Ferniot ira prendre l'air aux Etats-Unis où elle a vécu quatre ans. Mais elle traversera l'Atlantique en cargo à voile, pas question de prendre l'avion.

"J'ai longtemps été submergée par l'éco-anxiété et les injustices, je pensais alors qu'il fallait d'abord me battre pour le climat avant de songer à mon bonheur. Qu'il viendrait après la lutte." Pauline Rapilly-Ferniot analyse sa trajectoire de militante, ses changements de tons dans son parcours déjà bien rempli depuis sa victoire à la cantine, entre Nuit debout et les Gilets Jaunes, "ses plus belles manifs." "Le dernier rapport du GIEC m'a fait comprendre que cet "après" ne viendrait jamais. J'ai donc pris conscience qu'il ne fallait pas que je me sacrifie personnellement, que mon engagement ne devait donc pas se contenter de faire sens mais d'être aussi une source de bien-être. On est pas obligé de souffrir pour militer, il vaut mieux être heureux, c'est plus efficace, on tient plus longtemps !"

Elle a mis un bulletin Yannick Jadot à la présidentielle, après avoir voté Mélenchon en 2017. "J'étais déçue que rien de collectif ne se soit construit autour de la France insoumise alors cette fois-ci j'ai préféré EELV." Quand on lui demande des nouvelles de son candidat malheureux, elle botte en touche. "On était pas très amis, j'étais plus proche d'Éric Piolle."

Quant à Mélenchon Premier ministre, certes les commentateurs estiment cela improbable mais "les élections ne sont font jamais en avance", argumente-t-elle. "On me disait qu'à Boulogne, il me serait impossible de faire une liste pour les municipales, et on l'a fait en gagnant même deux élus..." L'espoir surtout, comme la joie de vivre, est l'autre moteur à propager pour cette agitatrice du débat public. "Vaut-il mieux espérer encore deux mois ou se résigner à la violence à venir du quinquennat Macron ? La question est toute vue. On choisit le meilleur des récits..."

 

Dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine, se présentent : 

  • RECONQUÊTE : Guillaume Bessières
  • RASSEMBLEMENT NATIONAL : Nathalie Gaude
  • LES RÉPUBLICAINS : Marie-Laure Godin
  • ENSEMBLE : Emmanuel Pellerin
  • UNION DES DÉMOCRATES MUSULMANS FRANÇAIS : Fabien Lejeune
  • PARTI ANIMALISTE : Léopold Chesneau
  • FÉDÉRATION DE LA GAUCHE FRANÇAISE : Laurent Violleau
  • NOUVELLE UNION POPULAIRE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE  : Pauline Rapilly-Ferniot

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