Coronavirus : le variant britannique détecté à Bagneux, une opération de dépistage organisée

Un agent de cette commune des Hauts-de-Seine a été contaminé par le variant britannique du coronavirus. Une forme du virus plus infectieuse mais pas plus virulente.

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Pour l’instant, une seule contamination a été annoncée. La mairie de Bagneux, dans les Hauts-de-Seine, a confirmé jeudi la détection d’un cas du variant britannique du coronavirus. "Il s’agit d’un agent de la commune travaillant sur deux établissements scolaires", explique la commune, qui précise que l’Agence Régionale de Santé (ARS) a lancé "une importante investigation pour casser la chaîne de transmission".

"L’ensemble des agents en cas contact ont été identifiés et testés, précise la Ville. A ce jour, nous n’avons pas connaissance d’autre cas positif au variant britannique." A noter que la personne contaminée a été détectée pendant les vacances, n’a pas retravaillé depuis, et se trouve en isolement.

Sur place, la nouvelle provoque des interrogations voire des inquiétudes au sein de la population. "Déjà, le Covid en lui-même, ce n’est déjà pas simple, mais là, se dire que c’est le variant, et que ce n’est pas très clair, c’est inquiétant, confie Mélanie Muneret, parent d’élève. Tous les habitants sont inquiets par rapport à ça à mon avis."

Mais d’autres parents d’élèves se disent au contraire rassurés. "Les enfants ont repris l’école… On doit continuer notre vie avec le virus, juge Sarra Bouali, une habitante. Ce n’est pas parce qu’il y a eu un cas qu’on doit arrêter notre vie. Je suis optimiste."

A Bagneux, l’ARS a mis en place dès ce vendredi matin des tests de dépistage pour adultes dans les deux écoles concernées, ainsi que dans le collège de la ville. Du côté de la mairie, la première adjointe Yasmine Boudjenah estime qu’une "bonne centaine d’adultes vont être dépistés tout au long de la journée", "entre les deux écoles et le collège". Elle souligne qu’il ne s’agit pas d’un cluster, et met en avant un "message d’apaisement".

Ce virus est beaucoup plus contagieux

Jean-Bernard Rafalowicz, médecin généraliste

La personne contaminée, elle, n’a pas voyagé en Grande-Bretagne, et aucun cas contact expliquant sa contamination n’a encore été identifié. Une situation préoccupante pour Jean-Bernard Rafalowicz, médecin généraliste. "Ce virus est beaucoup plus contagieux, je pense que nous aurons beaucoup plus de cas symptomatiques et en particulier de cas graves", redoute le docteur. Le médecin évoque avoir remarqué ce jeudi matin "un surcroît d’activité", "à confirmer" insiste-t-il toutefois.

"Ce variant anglais est aujourd’hui présent dans notre région et probablement plus largement en France"

Le variant serait-il déjà largement installé dans notre pays ? "Ce variant anglais est aujourd’hui présent dans notre région et probablement plus largement en France, estime le professeur Jean-Michel Pawlotsky, responsable du pôle de biologie médicale de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (AP-HP), et chargé de la surveillance de ce nouveau variant dans le Val-de-Marne. Il faut tout de même se souvenir que jusqu’à la fin de l’année dernière, on ne le cherchait pas. Quand on ne cherche pas les choses, on ne les trouve pas. A partir du moment où on commence à les chercher – ce que l’on fait aujourd’hui très activement – on les trouve. Ce n’est pas une surprise, puisqu’on est très proche de l’Angleterre, et qu’on a eu pendant les mois passés de très nombreux contacts avec ce pays."

La maladie qui est induite par ce virus n’est ni plus grave, ni moins grave que celle induite par le variant habituellement trouvé chez nous

Jean-Michel Pawlotsky, responsable du pôle de biologie médicale de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (AP-HP)

Risque-t-on le même scénario qu’en Angleterre, reconfinée jusqu’en mars ? Jean-Michel Pawlotsky invite à "ne pas s’affoler" : "On n’est pas obligé d’être catastrophiste. La vraie réponse, c’est que l’on n’en sait aujourd’hui strictement rien. Il y a deux phénomènes parallèles en Angleterre : le premier, c’est une nouvelle poussée épidémique très importante ; le deuxième, c’est le fait que ce variant a pris le dessus sur le variant présent habituellement. Est-ce que ces deux phénomènes sont liés par un lien de causalité ? Est-ce que la poussée épidémique est liée au fait que le variant est plus contagieux et se propage plus vite ? Aujourd’hui, nous n’avons aucune preuve de ça."

D’après le biologiste, la question est d’ordre secondaire : "La vraie question, c’est : est-ce que nous aurons une nouvelle poussée épidémique dans les jours ou les semaines qui viennent ?" Jean-Michel Pawlotsky souligne que le variant britannique "est surtout plus infectieux" : "Le virus infecte plus facilement les cellules. Le fait qu’il y ait beaucoup de jeunes infectés en Angleterre au cours de cette nouvelle vague épidémique semble plutôt un hasard épidémiologique qui ressemble à ce qu’il s’est passé pour nous à la fin de l’été, au début de l’automne. On se demandait pourquoi il y avait beaucoup de jeunes infectés, on a vu ensuite que l’épidémiologie a fait que c’est passé chez les personnes plus âgées."

Un "dépistage tout public, gratuit et sans rendez-vous" à Bagneux les 9, 11 et 12 janvier

"Même s’il y a une nouvelle vague épidémique, et on va tout faire pour essayer de l’empêcher, la maladie qui est induite par ce virus n’est ni plus grave, ni moins grave que celle induite par le variant habituellement trouvé chez nous", insiste le biologiste. Selon l’institut de santé publique anglais (Public Health Engand), qui a publié une étude la semaine dernière sur cette nouvelle forme du coronavirus, le variant se transmet plus facilement (50% de plus y compris chez les enfants) mais n’est pas plus virulent.

A noter que d’autres cas du variant en France avaient été annoncés jeudi par la Direction générale de la santé, évoquant un cluster au pôle gériatrique de Chantepie, près de Rennes en Bretagne. Mais l'Agence régionale de santé de Bretagne a précisé ce vendredi que les analyses concernant une professionnelle de l'unité de soins longue durée indiquent au contraire "formellement que cette souche ne correspond pas au variant britannique", comme l'explique France 3 Bretagne. Les résultats d’autres analyses, pour sept résidents et un autre professionnel, sont attendus d'ici le début de la semaine prochaine.

Le ministère de la Santé a par ailleurs précisé jeudi que trois cas de contamination par un autre variant, initialement repéré en Afrique du Sud, sont pour l'instant avérés en France.

Quant à Bagneux, l’ARS et la Ville ont annoncé une opération de "dépistage tout public, gratuit et sans rendez-vous", "par mesure de précaution et pour protéger les habitants", étalée sur trois jours : samedi 9 janvier, lundi 11 janvier et mardi 12 janvier, de 10h à 17h à la salle des fêtes Léo Ferré. La première adjointe Yasmine Boudjenah indique d’ailleurs à France 3 Paris IDF que "tous les enfants sont incités à se faire dépister lors des trois jours".

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