L'activité du dog-sitting, consistant à promener des chiens, s'est développée ces dernières années en Île-de-France. Des municipalités ont pris des arrêtés pour encadrer cette pratique. Et cela pour des raisons de sécurité.
De trente, voire quarante, à…dix fois moins. A la mi-mars, la mairie de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), a pris un arrêté limitant le nombre maximum de chiens par "dog-sitter" (promeneurs de chiens) à quatre dans certains secteurs. La raison ? La municipalité a reçu de nombreuses plaintes de riverains, y compris de la part de propriétaires de chiens.
Sur son site, la mairie indique que cette décision fait "suite à la multiplication des meutes de chien dans le bois de Saint-Cucufa, impactant la sécurité et la tranquillité des promeneurs, à vélo comme à pied, et de la faune locale. Elle fait également suite aux nombreuses plaintes et demandes d’encadrement de ces balades de plus d’une dizaine de chiens par promeneur reçues par la Municipalité".
En conséquence, depuis le 16 mars, la promenade d’un groupe de chiens "tenus en laisse ou non, supérieur à 4 animaux, est donc interdite de 08h00 à 20h00" dans la forêt domaniale de la Malmaison (bois de Saint-Cucufa), le parc des Bords-de-Seine, l’espace naturel des Gallicourts et la plaine des Closeaux. Les récalcitrants se voient exposés à une contravention d’un montant de 35 euros.
Pétition des "dogsitters"
Les promeneurs de chiens ne l’entendent cependant pas de cette oreille. Quelques jours après l’adoption de l’arrêté, les professionnels du secteur ont signé une pétition sur internet. "Notre profession n'est pas réglementée et c'est bien là le problème puisque du coup beaucoup de dérives ont eu lieu entraînant ces arrêtés", indique-t-elle, ajoutant que "c'est une affaire qui concerne tout le monde : propriétaires, promeneurs, particuliers, amis des chiens, professionnels du monde canin...".
Contacté par France 3 Paris Île-de-France, la mairie, elle, insiste sur le fait que cet arrêté "n’est pas anti-chien". Elle ajoute : "On ne demande pas de redevance aux entreprises de dog-sitting". Elle rappelle néanmoins que "le maire est à la disposition de ses administrés. Il essaye de les contenter sans trop pénaliser les 'dog-sitters' en leur imposant une redevance. A un moment donné, il faut prendre une décision".
D’autres villes du département ont également pris des arrêtés municipaux pour limiter le nombre maximum de chiens par "dog-sitter". C’est par exemple le cas à Clamart, Chaville ou encore Meudon. Cette dernière avait pris la décision dès décembre 2015. Depuis cette date, le nombre de chiens est limité à quatre et ceux-ci doivent être tenus en laisse.
Projet expérimental dans la forêt de Meudon
Même constat que les municipalités pour l'ONF, l’Office national des forêts (ONF) qui a sous sa gestion les forêts domaniales : "En forêt domaniale, sur des parkings normalement réservés aux riverains, on avait deux, trois, quatre, voire huit véhicules avec des sociétés commerciales de promenades de chiens. Huit, dix, douze en descendent. C’est tous les jours. Aujourd’hui, ça provoque une gêne pour le piéton. Il y a eu énormément de plaintes", affirme Michel Béal, directeur de l’ONF pour l’agence Île-de-France/Ouest. Il ajoute : "Comme cela s’est fait dans les bois parisiens, nous allons réguler et canaliser de manière à ce qu’on n’ait plus cette pratique (de dog-sitting, ndlr) en tout temps, à toute heure, un peu partout en forêt", indique Michel Béal, directeur de l’ONF pour l’agence Île-de-France/Ouest.
En coordination avec la ville de Meudon, l'ONF va mettre en place un procédé expérimental visant à davantage encadrer l’activité des promeneurs de chiens dans la forêt. "Avec l’ONF, nous avons identifié une parcelle en forêt qui serait dédiée à l’accueil de ces entreprises et des chiens qui leur sont confiés, avec pour consigne d’utiliser cette parcelle et seulement celle-là", nous confie le maire (UDI) de Meudon, Denis Larghero. "Cela afin de sécuriser et protéger la forêt. L’ONF va établir un règlement intérieur d’utilisation de la parcelle, signé avec un nombre limité d’entreprises (de dog-sitting, ndlr)", ajoute l’élu.
Comme cela s’est fait dans les bois parisiens, nous allons réguler et canaliser de manière à ce qu’on n’ait plus cette pratique (de dog-sitting, ndlr) en tout temps, à toute heure, un peu partout en forêt.
Michel Béal, directeur de l’ONF pour l’agence Île-de-France/Ouest.
Cette parcelle devrait se situer en lisière de forêt. Mais pour y faire promener les chiens qui leur sont confiées, les entreprises de dog-sitting devront s’acquitter d’une redevance d’occupation à l’ONF. Notons par exemple qu’à Paris, dans les bois de Boulogne et de Vincennes, les entreprises de dog-sitting doivent déjà s’acquitter d’une redevance depuis 2019, via une demande d’autorisation préalable auprès de la mairie de Paris.
L’abondance de ces promenades de chien a apporté des nuisances aux promeneurs et peut nuire à l’environnement, surtout à cette période du printemps avec la nidification des oiseaux et les mammifères qui mettent bas…
Michel Béal
Le directeur de l’ONF pour l’agence Île-de-France/Ouest insiste aussi sur le fait qu’il y a besoin d’avoir un bon équilibre afin qu’il n’y ait "pas de dégradation de la biodiversité forestière". "L’abondance de ces promenades de chien a apporté des nuisances aux promeneurs et peut nuire à l’environnement, surtout à cette période du printemps avec la nidification des oiseaux et les mammifères qui mettent bas…"
Candidature, autorisation, organisation
Par ailleurs, précise-t-il, les entreprises de dog-sitting désirant effectuer leur activité en forêt de Meudon qui auront envoyé une candidature auprès de l’ONF, seront "connues, agrées", avec une "autorisation de l’office attestant du nombre de véhicules et du nombre de chiens", indique Michel Béal.
Ce dernier précise par ailleurs que la parcelle sur laquelle seront autorisées les entreprises et les chiens ne sera pas privatisée uniquement pour cet usage-là. "Les piétons, les cyclistes, seront aussi autorisés à y aller", explique-t-il. Autrement dit, les activités de dog-sitting seront limitées au périmètre de la parcelle, mais les piétons ou les cyclistes seront libres d’y circuler, en plus du reste de la forêt.
Mais pour l’instant, les entreprises n’ont pas encore été sélectionnées, et le montant de la redevance qu’elles devront verser à l’ONF pour exercer leur activité n’a pas encore été définie.