Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine avait expérimenté la fin de l'allumage public entre 1h30 et 5h du matin dans toute la ville. Mais de nombreux riverains se sont inquiétés pour leur sécurité. La commune retente l'expérience. D'autres villes s'y sont déjà mis.
Malgré l'opposition de certains habitants, la mairie de Gennevilliers retente l'expérience, mais de façon moins abrupte. Désormais, seuls un parking, celui de Villebois-Mareuil, et une rue qui longe le cimetière de la commune, vont être concernés par la réduction de l'éclairage nocturne entre 1h30 et 5h30 du matin (horaires qui correspondent aux horaires du métro).
"On a déjà tenté d'éteindre complètement la ville, entre janvier 2023 et juin 2023. On a eu pas mal de retours négatifs, notamment d'habitants qui nous faisaient part de leur sentiment d'insécurité. Nous avons eu beau argumenter, chiffres du commissariat à l'appui, en montrant qu'en 6 mois, il n'y a pas eu d'augmentation des actes d'incivilité, mais nous n'avons pas réussi à convaincre. On a fait le choix de rallumer et de partir sur un autre procédé", explique Céline Lanoiselée, adjointe au maire de Gennevilliers, en charge de la transition écologique.
Ce samedi 12 octobre a d'ailleurs lieu l'opération "Jour de la Nuit" qui vise à sensibiliser à la lutte contre la pollution lumineuse et à la protection de la biodiversité nocturne et du ciel étoilé. L'association Agir pour l’Environnement milite pour que plus de communes éteignent l'éclairage public la nuit.
A Gennevilliers, deux procédés distincts vont être appliqués : sur le parking, le service numérique "J'allume ma rue". Les passants se rendent sur un site, et grâce à la géolocalisation, peuvent activer l'éclairage public sur leur passage. Sur la rue qui longe le cimetière, des capteurs vont être installés.
"L'expérimentation sur ces lieux n'a pas été choisie au hasard. Autour du parking, des habitants nous ont fait remarquer que les luminaires éclairaient aussi leur chambre à coucher et qu'ils avaient une mauvaise qualité de sommeil. Concernant la rue du cimetière, elle est juste à côté et nous intéresse, parce que notre cimetière est un réservoir de biodiversité", poursuit-elle.
À terme, si la ville était totalement non éclairée, la commune pourrait envisager une économie de 600 000 euros.
De nombreux bénéfices annexes
À Longpont-sur-Orge, dans l'Essonne, la commune a mis en place cette application depuis 2021. Depuis plus d'un an, toute la ville est concernée : la commune est dans le noir complet de 23h à 5h du matin.
"Nous avons fait pas mal de réunions publiques d'information. On peut dire que 95% des habitants nous ont même demandé de raccourcir les délais d'éclairage. Des personnes nous ont dit que cela avait augmenté le taux de vandalisme sur les voitures. Nous avons fait venir un commissaire de police qui gère la commune et il nous a démontré par des chiffres que c'est l'inverse. Quand il fait noir, le vandalisme diminue", affirme Hervé Forconi, adjoint au maire (SE) de Longpont-sur-Orge, délégué à la transition énergétique.
Selon lui, si l'agglomération économise 80 000 euros par an, les bénéfices sont à chercher ailleurs.
"On a pu revoir l'apparition de chauves-souris. Cela fait rire tout le monde, mais elles mangent les moustiques. On a vu aussi vu réapparaître des papillons, des chouettes. Tous ces animaux diurnes qui avaient quitté la ville ont réapparu. Elles ont mis deux bonnes années à revenir et ça progresse", ajoute-t-il.
Parmi les autres effets inattendus : les conducteurs lèvent le pied la nuit, la vitesse a largement baissé dans la commune.