Employés et familles de résidents vent debout contre l'Ehpad d'Orpea de Suresnes

Des employés alertent sur le manque d'effectifs et la baisse de qualité des soins à la maison de retraite "Les vignes de Suresnes" (Hauts-de-Seine). La prise en charge coûte plus de 5 000 euros par mois par résident.

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Mobilisation devant la maison de retraite d'Orpea de Suresnes. Les salariés dénoncent le manque d'effectifs. Turbette-Nina Gouledehi, par exemple, est aide-soignante. Elle s'occupait de 6 résidents par jour quand elle a été embauchée, contre 10 aujourd'hui.

"Concrètement, quand tu rentres dans une chambre, tu ne peux pas te permettre d'échanger avec un résident parce qu'il y en a d'autres qui attendent. Ça sonne, il faut y aller, c'est stressant et fatiguant. Au bout du compte, on n'arrive pas vraiment à s'occuper des résidents comme on le voudrait", raconte-t-elle.

"Dans les Ehpad, 40% des personnels ne sont pas qualifiés, sont au SMIC et n'ont pas les primes de grand-âge. Il y a une inégalité de traitement et l'on reconduira la mobilisation parce que la direction d'Orpea nous ferme la porte", proteste Malika Belarbi, responsable de la CGT Santé 92.

Plusieurs familles de résidents doivent soutenir le mouvement dans la journée comme Patrick Tagand. Son père a rejoint la maison de retraite en juillet dernier : "Quand vous payez pas loin de 5 000 euros par mois, vous vous attendez à quand-même autre chose. D'autant plus que mon papa n'a pas besoin de médicalisation".

Absences remplacées selon Orpea

Ce jeudi, la direction d'Orpea a répondu à ce mouvement de grève que "toutes les absences planifiées sont remplacées" mais que l'Ehpad éprouve "des difficultés, comme l’ensemble du secteur, à remplacer les absences de dernière minute, dont nous sommes parfois informés très tardivement".

Par ailleurs, la directrice de l'établissement, Mme Charlotte Le Barbier, indique être confrontée "comme l’ensemble des acteurs du secteur de la santé (public, privé, associatif …) : à une pénurie chronique de soignants (on estime à 100 000 personnes par an les besoins en recrutement dans les hôpitaux publics et privés, et 200 000 en intégrant les besoins du médico-social), à un absentéisme conjoncturel, notamment dû à l’épidémie de COVID-19 et aux arrêts de travail qu’elle entraîne (cas positifs, cas contacts, fermeture des classes …)."

Enfin, elle affirme que "sur les 4 dernières semaines, nous avons proposé des CDI à 9 salariés actuellement en poste en CDD, qui ont tous refusé pour diverses raisons (flexibilité, bénéfice de la prime de précarité, en poste ailleurs …)".

Plus de 7 milliards d'euros d'actifs immobiliers

Une manifestation qui intervient le même jour qu'un rapport visant le groupe. Orpea est accusé par deux syndicats, la CGT et la CFDT, d'avoir utilisé les revenus de ses maisons de retraite pour financer son parc immobilier au détriment des résidents et salariés.

L'entreprise génère des "revenus pour ses actionnaires grâce à la spéculation immobilière sur les terrains et constructions de ses propres maisons de retraite", affirme ce rapport rédigé par le Centre pour la recherche et la responsabilité fiscale des entreprises (Cictar), un cabinet d'étude basé en Australie, spécialisé dans l'"information sur les arrangements fiscaux des multinationales".

Une "partie significative" des revenus ayant permis cette "ingénierie financière" provient de fonds publics, affirment les experts du Cictar, puisque Orpea perçoit des dotations publiques au titre des soins et de la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées.

L'ensemble des actifs immobiliers de l'entreprise, situés dans plusieurs pays d'Europe, et que le Cictar évalue à 7,4 milliards d'euros, "a été acquis puis cédé via des montages complexes impliquant notamment des sociétés situées au Luxembourg et aux îles Vierges britanniques, dont la plupart n'ont jamais été divulguées à ses actionnaires et au public", affirme le rapport.

Le gouvernement français doit réagir en conditionnant à l'avenir tout financement public à une communication financière plus transparente, demandent la CGT et la CFDT.

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