Elles ont entre 8 et 16 ans et viennent de quartiers dit sensibles. Leur point commun ? Le football qu'elle pratique avec passion. Aujourd'hui, une cinquantaine de jeunes-filles issues de quatre clubs franciliens participaient à un tournoi de football féminin au Creps d'Ile-de-France. Une première.
Sur le terrain, Fatou, 13 ans en impose. La jeune gardiennne sait ce qu'elle veut. "Moi, je veux être footballeuse. Les filles sont capables de mieux jouer que les garçons", explique l'adolescente d'Epinay-sur-Seine. Fatou a commencé ce sport en primaire, avec les garçons. "Au début, j'étais nulle puis j'ai pu integré un club." Elle évolue désormais dans une section football au collège, avec le soutien de ses parents, ce qui n'est pas le cas de toutes les jeunes filles.
Lindsay et Stella, 10 et 11 ans ont dû faire face à plus de réticences : "Quand j'ai dit à ma famille que je voulais faire du foot, ils étaient choqués", se rappelle Lindsay. "Ma mère me disait de choisir un sport mais quand je lui ait dit que je voulais faire du football, elle m'a dit c'était pour les garçons", raconte Stella.
Au final, ces parents ont accepté le choix de leurs enfants, grâce au travail acharné d'éducateurs sportifs. Daouda Bamba est entraîneur à l'Entente d'Athis. Il connaît bien les réticences à l'égard de ce sport pour des raisons sexistes, religieuses. "Dans les quartiers, y a beaucoup de difficultés car les parents, les grands frères ont des préjugés. Ils ne veulent pas que les filles devienent des garçons. Donc nous on essaye de combattre ca en allant les voir, en les invitant à venir voir des matchs. Il faut parfois y aller deux fois, trois fois, quatre fois. Faut pas lâcher. Car l'enjeu, c'est le plaisir de l'enfant avant tout." Un combat en passe d'être gagné car dans son club, elles n'étaient que 20 filles inscrites l'année dernière. Elles sont 80 cette année. Loin pourtant des 500 garçons affiliés.
Pour Haitem Selim, bénévole à la Licra, une des associations à l'origine de ce tournoi de football féminin au Creps de Châtenay-Malabry (92), le problème est avant tout culturel. "Je pense que certaines familles n'ont pas la culture d'inscrire leurs enfants au sport. Ne comprennent pas que cela peut-être un vrai vecteur d'apprentissage, un outil éducatif. A nous de leur faire changer d'avis." La coupe du monde va certainement aider à faire bouger les lignes. Les joueuses françaises sont en tous un modèle pour ces jeunes pousses qui se rêvent déjà en professionnelles.