Blâmes, sanctions, mises à pied... Quinze élus CGT de la plateforme Geodis de Gennevilliers se disent victimes depuis plusieurs mois de "répression syndicale". Après plusieurs manifestations, la tension monte chez ce géant du transport, filiale de la SNCF.
"Ce qui se passe ici, c'est scandaleux !" Mouloud Sahraoui ne mâche pas ses mots. Ce matin, le responsable CGT de la plateforme Géodis-Calberson à Gennevilliers était convoqué à un entretien préalable avant son licenciement. "Ils essayent de mettre la pression sur les élus. On est harcelé quotidiennement. Ils nous interdisent de parler aux salariés. Ils nous interdisent de faire notre boulot. Ils nous sanctionnent." Sa faute ? Avoir selon lui voulu "dénoncer des mauvaises conditions de travail" chez ce géant du transport, filiale de la SNCF. Et il n'est pas le seul. Ces dernières semaines, 15 élus CGT sur 22 auraient reçu des blâmes ou des sanctions avec retrait sur salaire. "Cela fait trois mois que je suis en arrêt de travail. Ca fait trois mois que je n'ai pas touché de salaire. Ma direction n'a pas envoyé les papiers à la Sécurité sociale. Je suis dans une précarité totale. Heureusement qu'il y a les collègues qui m'aident," explique Mouloud Sahraoui.
"On s'est débrouillé pour que mes enfants mangent"
Un de ses collègues confirme. Frédéric Herlemant, également délégué syndical et membre du CHSCT (Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) a été mis à pied le 22 février. "J'ai été sanctionné pour avoir filmé un intérimaire en train de marcher sur un tapis roulant. Il n'avait pas été formé, il était en danger de mort.". Le salarié a finalement été réintégré le 8 juin dans l'entreprise car l'inspection du travail, après enquête, a refusé ce licenciement. "Pendant 4 mois, j'ai eu zéro salaire. Juste la solidarité de mes camarades, de ma famille. On s'est débrouillé pour que mes enfants mangent."C'est pour dénoncer ce qu'ils appellent un "véritable harcélement" qu'une soixantaine de salariés s'est rassemblée ce mardi 19 juin devant l'entreprise située sur le port de Gennevilliers. Des salariés rejoints par des grévistes de la Poste dans les Hauts-de-Seine. Enième débrayage dans un conflit qui s'envenime. En février, mais aussi en mars et en avril, des manifestations avaient déjà eu lieu sur le site pour dénoncer "des mauvaises conditions de travail, des salaires bas et le recours excessif à des intérimaires" (130 pour 189 salariés). Des conditions à laquelle s'ajoute une autre inquiétude : le remboursement de la dette de la SNCF. Si le gouvernement s'est engagé à prendre en charge 35 milliards d'euros de cette dette, il reste 15 milliards d'euros à éponger. Les salariés de Geodis craignent que leur filiale ne soit cédée pour remplir les caisses.
Malgré de multiples relances, la direction n'a pas souhaité répondre à nos questions.