Cinq personnes ont été interpellées dans le cadre d'une vaste enquête sur un réseau d'exploitation de chauffeurs VTC dans les Hauts-de-Seine. Ils faisaient conduire illégalement une centaine de conducteurs via des applications.
Ils étaient contraints de travailler parfois 20 heures par jours, sans congés, sans protection sociale et pour une rémunération dérisoire. Cette centaine de chauffeurs en situation irrégulière faisaient tourner 24 heures sur 24 une soixantaine de voitures.
Les victimes réalisaient des courses commandées via des applications comme Uber, Heetch, Kapten ou Bolt. Elles étaient employées par des sociétés montées par les cinq suspects, qui faisaient pression sur eux en arguant de leur situation très précaire. Ces chauffeurs ne percevaient qu’une infime partie du prix des courses.
Un vaste réseau d’exploitation de personnes sans papiers démantelé par le Département de lutte contre la criminalité organisée liée à l’immigration irrégulière. L’enquête préliminaire menée par ce service de la police aura duré des mois. Commencée en juin 2019, elle vient d’aboutir à une commission rogatoire.
► Une carte professionnelle et l'accès des plateformes à un fichier commun sont censer permettre de lutter contre les fraudes.
"De gros poissons"
Cinq personnes ont été interpellées et incarcérées vendredi 21 février. L'affaire est complexe et particulièrement vaste. "Elle pourrait mettre au jour une myriade d’autres sociétés", car "ce sont de gros poissons" explique le commissaire de police Guillaume Fauconnier chargé du dossier. Conscient qu'il y a "beaucoup de choses peu règlementaires" dans le milieu des VTC, il insiste sur l’ampleur de cette enquête.Les cinq suspects ont été mis en examen pour de nombreux chefs d’accusation : aide au séjour irrégulier, traite des êtres humains, faux en écriture, faux et usage de faux documents administratifs, abus de bien sociaux : le tout en bande organisée. Les chauffeurs étaient engagés sous de faux papiers, avec des voitures parfois non assurées, sans être déclarés à l’URSSAF.
Les voitures conduites par les chauffeurs exploités étaient maquillées pour rentrer dans les critères des plateformes de courses VTC. Des entreprises qui auraient pu être plus "regardantes" selon le commissaire, qui indique que certains faux documents étaient "grossiers".
Cependant, la responsabilité de ces plateformes n’est pour l’instant pas engagée judiciairement dans cette affaire.