Il avait aspergé sa femme d'essence dans leur salon avant de la brûler vive, devant leur fille de 7 ans : un homme a été condamné mercredi à Nanterre à 20 ans de prison par la cour d'assises des Hauts-de-Seine. La cour a également ordonné le retrait total de son autorité parentale.
L'avocate générale avait requis "au moins 25 ans de réclusion criminelle" pour un "crime odieux, impardonnable". Un vendredi de septembre 2017 dans un immeuble du Plessis-Robinson, une dispute éclate chez Christophe Jallageas, 40 ans à l'époque, et sa compagne Ghylaine B., 34 ans.
Il avait appris quelques semaines auparavant qu'elle avait un amant. Ce soir-là, elle lui annonce qu'elle veut le quitter et prépare sa valise. La suite, c'est leur fille qui la racontera aux enquêteurs. "Papa était fou furieux", dit-elle. Elle décrira les coups de poings au visage de sa mère, au sol dans le salon, les "je vais te tuer" qu'il crie. Puis le "gaz jaune" que son père jette sur sa mère. "Après, il y avait le feu chez moi, et maman est morte", dit-elle.
Ghylaine, 34 ans, brûlée vive par son compagnon sous les yeux de sa fille
Dans son réquisitoire, l'avocate générale a souligné que la petite fille ne sera secourue que grâce à l'intervention des voisins, qui ont défoncé la porte après avoir entendu "hurler à la mort" et vu la fumée. Brûlée à 90%, Ghylaine B. décèdera à l'hôpital. Christophe Jallageas sera, lui, gravement brûlé.Tout au long de son procès débuté jeudi dernier, il n'a cessé, malgré les appels répétées des parties civiles à faire preuve de "courage", d'affirmer qu'il n'avait pas voulu tuer sa femme, qu'il s'agissait d'un "évènement indésirable, dramatique". Il dit ne pas se souvenir des détails. "C'est compliqué", "je ne me rappelle plus", "j'ai pété un plomb", soutiendra-t-il. "M. Jallageas n'est pas un monstre. C'est un acte fou, mais un homme normal", a plaidé sa défense, qui explique ses trous de mémoire par le "traumatisme" et ses blessures.
Sur son fil Twitter, la journaliste @paoliniesther qui suit le procès pour BFMTV, a relaté en direct du tribunal de Nanterre, les différents échanges entre les parties. Ci-dessous l'avocate générale prend la parole.
L'expert psychiatre qui l'a examiné avait, lui, décrit un profil "classique" chez les auteurs de féminicides : fragilité narcissique, forte dépendance affective à l'autre, peur panique qu'on l'abandonne.La magistrate rappelle que, quelques jours avant les faits, l’accusé avait menacé de “cramer l’appartement”: “Qui dit ça, sauf quelqu’un qui va passer à l’acte ?”, demande-t-elle à la cour. @BFMTV
— Esther Paolini (@paoliniesther) January 15, 2020
Selon un décompte de l'AFP, au moins 126 femmes ont été tuées en 2019 par leurs compagnons ou ex, soit une femme tous les trois jours en moyenne.