A Asnières dans les Hauts-de-Seine, des salariés des ateliers Louis Vuitton ont débrayé ce jeudi à l'appel de la CGT et de la CFDT. Ils demandent de meilleurs salaires et protestent contre l'annualisation du temps de travail voulue par leur direction.
Pas d'horaires de nuit chez 'Tonvui'" ou "Métier formidable, salaire misérable", pouvait-on lire sur les pancartes d'ouvriers, majoritairement des femmes, en tabliers de travail.
Les salariés de l'atelier du groupe de luxe LVMH à Asnières, mais aussi de Sarras (Ardèche) et d'Issoudun (Indre), ont débrayé lors du changement d'équipe ce jeudi après-midi. Dans le collimateur des grévistes, la réorganisation du temps de travail et les salaires.
Annualisation du temps de travail
"La proposition d'annualisation du temps de travail ne nous convient pas", explique Mireille Bordet, déléguée CFDT à Asnières. "Cela va se faire au détriment de notre vie privée. Le passage de 35 à 33 heures ne génèrera plus de RTT et va nous contraindre à finir plus tard le soir", ajoute-elle.
"Le projet de la direction vise également à diminuer ainsi le paiement des heures supplémentaires", a précisé Thomas Vacheron (fédération CGT Textile-Maroquinerie).
Selon les syndicats, la direction entend profiter de cette réorganisation du temps de travail pour supprimer l'horaire de référence en journée, afin de ne conserver que les horaires du matin et du soir, qui sont uniquement ceux proposés aux nouveaux salariés. "La direction mélange les augmentations de salaires avec le temps de travail", estime encore Mireille Bordet. "Elle nous dit que si le projet passe, on sera augmenté, mais que s'il ne passe pas, on n'aura rien".
5,3 % de grévistes selon la direction
La direction du groupe souhaite réduire le temps de travail "Louis Vuitton a proposé une augmentation moyenne de 150 euros par mois accompagnée d'une réduction du temps de travail de 35 à 33 heures par semaine", a indiqué le groupe, qui se dit attaché à "l'équilibre vie privée-vie professionnelle" de ses employés.
Propriété de LVMH, Louis Vuitton assure mener une "politique de rémunération avantageuse", offrant "en moyenne 18 mois de salaire par an" à ses quelque 5.000 salariés français.
Selon les élus du personnel, les négociations durent depuis l'automne mais la direction a demandé mardi aux organisations syndicales de signer cette semaine sa proposition, déclenchant l'hostilité de la CGT et de la CFDT. Les syndicats hostiles dénoncent une tentative de "passage en force" et brandissent la menace d'un préavis de grève "sous huitaine" s'ils n'obtiennent pas gain de cause.
La direction a recensé ce jour 5,3% de grévistes.