En avril 2020, deux fonctionnaires de police avaient été blessés lors d'une attaque à la voiture-bélier à Colombes dans les Hauts-de-Seine. Une lettre de revendication et d'allégeance au groupe jihadiste Etat islamique avait été retrouvé dans la voiture de l'auteur de cette attaque qui comparait aujourd'hui devant la Justice.
Youssef Tihlah est poursuivi pour tentatives d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste. Le 27 avril 2020, en plein confinement dû au Covid-19 et en période de ramadan, Youssef Tihlah, alors âgé de 29 ans, repère des policiers sur le chemin de la boulangerie, dans cette ville à l'ouest de Paris. Il décide de passer une nouvelle fois dans la rue et fonce sur eux. Il braque à gauche et percute en pleine vitesse deux motards de la police nationale, sans casque, qui contrôlaient un véhicule à Colombes.
Plusieurs témoins attestent avoir entendu un bruit d'accélération. Dans sa voiture, une lettre de revendication et d'allégeance au groupe jihadiste Etat islamique, écrite au dos d'une attestation de déplacement dérogatoire, et deux couteaux. L'un d'eux a été acheté quelques jours avant les faits, corroborant selon les enquêteurs la thèse d'un projet mûri.
"Séquelles physiques et psychiques"
Les deux motards ont été hospitalisés avec plusieurs fractures et traumatismes, notamment aux jambes. Souffrant encore aujourd'hui de "séquelles physiques et psychiques", ces deux policiers travaillent désormais "sur des postes protégés", faisant "davantage de bureaux", avait expliqué leur avocat, Daniel Bernfeld. Quatre policiers municipaux sur place s'étaient aussi vus prescrire une incapacité totale de travail supérieure pour certains à 90 jours, en raison du traumatisme psychologique subi. Ils sont "très marqués par ces faits", l'image de la scène est "gravée en eux", commente leur avocate Aude Duchange.
Une démarche personnelle selon la défense
Au chômage au moment des faits, Youssef Tihlah se décrit lors de l'enquête comme solitaire. Il explique avoir un temps fréquenté la mosquée située près de chez lui mais ne plus la fréquenter depuis plus d'un an. Son acte est une démarche personnelle, déconnectée de tout réseau, assure-t-il. "Mon client ne nie pas la gravité de ce qui lui est reproché. Il conteste néanmoins avoir eu l'intention de tuer ce jour-là. Il ne voulait plus vivre et le vernis radical a fait office de prétexte justifiant son geste", plaide aujourd'hui son avocat, Me Fares Aidel, qui assure que son client "regrette réellement" son acte. Le procès devant la cour d'assises spécialement composée de Paris, est prévu jusqu'à vendredi.